Image : Roma Daily News
L’Europe est actuellement le théâtre d’une action de protestation visant à reloger, ne serait-ce que temporairement, les familles de Roms albanais mises à la rue le 7 août 2013. C’est à cette date que trente-sept familles Roms ont été forcées de quitter leurs logements de fortune, délogées par les autorités albanaises.
Et aujourd’hui, personne ne prend la responsabilité de les placer, de leur trouver un toit ! Aucune solution n’est proposée malgré les sollicitations publiques répétées de la part de la jeunesse Rom et Égyptienne.
Les protestataires affirment qu’il est urgent de reloger les familles Roms, qu’il faut immédiatement leur trouver un toit et que « les Roms qui vivent en Albanie sont des citoyens albanais et ont droit au logement » !
Sur les médias sociaux, le message était le suivant : « Vendredi 13 septembre, de 10 à 12h, soutenons nos compatriotes Roms en Albanie. Faisons preuve de solidarité et d’unité ! Rendez-vous devant les ambassades albanaises de nos pays respectifs, même jour, même heure, et revendiquons tous la même chose : « Relogement temporaire urgent des familles Roms » et « les Roms qui vivent en Albanie sont des citoyens Albanais et ont droit au logement ! »
Ceci révèle, une fois de plus, un problème de longue date qui semble provenir du mode de vie nomade que les Roms ont choisi, ce mode de vie n’étant aujourd’hui pas universel. Lorsque Pressenza a raconté l’histoire d’une Rom installée à New York ayant décidé de ne plus adopter le mode de vie traditionnel de ses compatriotes, un autre point de vue sur la situation est apparu.
Comme le disait Cristiana Grigore : « Le monde global émergent s’attache moins aux frontières mais davantage à la liberté et la mobilité. Dans le monde global, peu importe que nous soyons reliés à un territoire particulier, l’essentiel est de se rattacher à des cultures. Mais les Gitans ont toujours été un « peuple sans frontières », manquant d’un territoire ou d’une nation qui soit la leur. Comme l’un de mes professeurs le disait, « l’Histoire a rattrapé les Gitans ». Désormais, c’est à nous de rattraper la modernité en nous redéfinissant et en métamorphosant notre condition sociale. »
New York et plus largement les États-Unis, pays multiculturel, l’ont aidé à redéfinir sa propre identité et voir son héritage culturel d’un nouvel œil, se libérant des batailles du passé, regardant au-delà de ce qu’elles sont aujourd’hui et de ce qu’elles ont été, et imaginant ce que l’identité Rom pourrait être.
« Je peux finalement mettre des mots sur mes doutes et dire que, pour moi… être Rom ou Gitan c’est être mondial. De façon similaire, la culture Rom ou gitane a aujourd’hui une incroyable opportunité historique de redéfinir son identité et ses valeurs fondamentales dans un contexte mondial plus accueillant. »
Alors que les Roms sont considérablement lésés et discriminés, cette position n’exclue pas la justice. Ils sont pris dans une situation difficile ou la seule façon d’avancer réside en le soutien de la société, en les laissant toutefois faire leurs propres choix. Il faut prêter une attention particulière à leurs traditions qui occupent une place prépondérante dans leur culture et les ont aidés à survivre de génération en génération.
Dans notre société moderne, on constate une perte générale des valeurs essentielles. En effet, la mondialisation prive les gens de leur patrimoine culturel, ce qui les définit, et c’est bien là son principal inconvénient. Les grandes villes sont remplies de gens qui ont perdu leur identité et remplissent leurs vies « d’appareils » momentanément utiles mais agissant comme des outils provisoires qui ravagent leurs journées et leur nuits, les empêchant ainsi de s’investir dans la vraie vie.
Les jours sont pleins d’éventualités toutes plus terribles les unes que les autres mais aussi de perspectives sensationnelles. Le minimum que les sociétés puissent faire est de chercher à améliorer les conditions de vie de ceux qui pataugent dans le flux de ces changements et de leur offrir tout ce qui est nécessaire pour vivre décemment. Il nous faut avoir foi en le fait que d’une façon ou d’une autre, nous nous en sortirons.
Il ne s’agit pas de vous, de moi ou d’ « eux », mais de nous.
Traduction de l’anglais : Marion Grandin