Jean-Paul Pougal
http://www.michelcollon.info
En ce mois de Juillet 2013, dans les principales villes de Grande Bretagne, il y a une curieuse campagne menée à travers les affiches, des posters géants dans les aéroports, les stations de Metro, les carrefours des grandes villes britanniques. C’est une campagne payée par l’un des principaux organes d’information, le magazine britannique The Economist. Le titre de la publicité c’est : BOOMING CHINESE INVESTMENT IN AFRICA IS BAD FOR AFRICANS (Le boom des investissements chinois en Afrique est très mauvais pour les africains). L’affiche nous explique pourquoi les investissements chinois en Afrique sont si terrifiants pour les Africains en 3 raisons : 1- Les Chinois soutiennent des gouvernements dictatoriaux en Afrique, 2- Les usines chinoises d’habillement en Afrique du Sud payent moins que le salaire minimum autorisé et 3- Les éléphants sont en train de disparaitre en Afrique de l’est à cause des Chinois. Et à la fin, le public britannique est interrogé sur le parti qu’ils vont prendre. Ce que le très célèbre magazine britannique a oublié sur ses affiches, c’est un 4- La Chine est responsable des pluies diluviennes et des moustiques en Afrique tropicale. Et même un 5- La Chine est responsable du manque d’eau dans le désert du Sahara et du Kalahari.
Voici un florilège des mensonges sur la Coopération entre la Chine et l’Afrique, savamment entretenus par les médias occidentaux :
D- Sur le nombre total de la population mondiale, 60% habitent en Asie, 15% en Afrique. Si on s’arrête à ces deux chiffres, il est facile de dire que dans ce cas, il est naturel que les Asiatiques envahissent l’Afrique. Mais ce qui depuis un siècle intéresse les asiatiques comme destination de peuplement, ce n’est pas l’Afrique, mais l’Amérique du nord qui ne compte aujourd’hui que les 5% de la population mondiale, c’est-à- dire le tiers de la population africaine. Et l’Océanie, 0,5% de la population mondiale, c’est-à-dire 30 fois moins peuplée que l’Afrique. Et c’est donc naturellement que les Asiatiques, qu’ils soient coréens, japonais, indiens, pakistanais, sri-lankais, indonésiens ou vietnamiens, leur destinations préférées sont 4 pays : le Canada en tête, suivi des USA, l’Australie, et la Nouvelle Zélande. Les Chinois qui sont en Afrique pour des contrats de grands travaux publics retournent généralement en Chine à la fin de l’œuvre. Les autres, pour la plupart des commerçants transfèrent presque tous leurs profits en Chine, ceci, est tout simplement la preuve qu’ils ne veulent pas s’éterniser en Afrique.
E- CHACUN CHEZ LUI
Selon les Nations Unies, depuis 100 ans, le nombre des immigrés est resté stable autour de 3%. Ainsi, en 2010, il y avait 214 millions d’immigrés dans le monde, c’est-à-dire 3,1% de la population mondiale. En 1990, ils étaient 2,9% de la population mondiale, et 2,3% en 1965. Selon la même source, en 2005, il y avait 62 millions de personnes nées au sud vivant au nord, 61 millions de personnes qui ont immigré d’un pays du sud vers un autre pays du sud et 14 millions de personnes nées au nord et vivant au sud, 53 millions de personnes qui sont passées d’un pays du nord vers un autre pays du nord. Les migrations significatives sont généralement effectuées entre deux pays voisins. Ainsi, sur les 35 millions d’immigrés que comptent Etats-Unis, plus de la moitié vient du Mexique. En Suisse, là où une journaliste a récemment fait un reportage militant au Cameroun pour influencer le vote des Suisses au référendum pour réduire le droit d’asile, ce que la population ne sait pas est que le sentiment qu’ils ont d’être envahis par des Noirs et des Arabes n’est que très subjective. Dans les faits, les statistiques officielles suisses nous montrent que sur les 25% d’immigrés que compte le pays, plus de 70% sont des Européens, provenant surtout de 3 pays, Italie en tête qui compte pour 16,7% des immigrés, l’Allemagne pour 15,5% d’immigrés en Suisse, la France et le Portugal. Aucun pays africain ne figure dans le top 10 des immigrés les plus nombreux en Suisse, tous sont européens.Le nombre des Chinois installés au Canada et aux USA est 100 fois supérieur à leur nombre en Afrique. En plus, en Afrique, pour la plupart, ils ne résident pas. Dès qu’ils ont fait un peu d’argent, ils rentrent en Chine. Le Cameroun a fêté ses 40 ans de relations diplomatiques avec la Chine en 2011. Dans les statistiques, on n’a aucun Chinois qui séjourne au Cameroun depuis 20 ans. Pourquoi les Américains ou les Canadiens ne disent jamais qu’ils sont envahis par les Chinois ? Alors qu’il y a des Chinois qui résident aux USA depuis plus de 100 ans ? Selon Immigration-Canada, entre 2001 et 2006 il y a eu 150.000 Chinois qui ont eu l’autorisation de s’installer au Canada confirmant de fait que les Chinois sont les premiers immigrés du Canada ; Selon la même source, le Canada préfère de loin des immigrés asiatiques aux autres régions du monde. Par exemple, en 2006, les immigrés arrivés de la Chine, de l’Inde, des Philippines et du Pakistan formaient à eux seuls 40% des nouveaux arrivants au Canada. Et pour parvenir à ce chiffre, comme dans tous les pays communistes du monde, c’est la Chine qui limite le nombre de ses ressortissants en partance pour le Canada, ce dernier a dû négocier avec la Chine pour avoir ses citoyens.Il y a un secret très bien gardé en occident, et ce secret est que c’est eux tous qui se battent pour avoir des migrants chinois, réputés « travailler comme des petites fourmis ». En Italie, l’importation des milliers d’artisans chinois dans les années 1990 a permis de ralentir la mort du secteur textile dans la zone de Prato en Toscane. Les nouveaux arrivants chinois étaient alors installés dans les anciens ateliers textiles qui n’arrivaient plus à tenir devant la rude concurrence des couturiers espagnols. En les faisant travailler de 12 à 16 heures par jour, l’Italie a vu ses carnets de commandes de chemises, robes, pantalons, costume, jupes Made in Italy, de nouveau remplis.
Le Canada a dû négocier avec la Chine et a arraché un accord en 1994, garantissant à tout Chinois que l’Etat jugerait éligible, pour partir, de devenir systématiquement résident permanent au Canada. Il n’existe à ce jour, un tel accord avec aucun pays africain et le Canada. Même la Délégation du Québec dont la mission est de faire venir au Québec un nombre significatif de migrants francophones pour briser l’hégémonie des canadiens anglophones, se garde bien de donner la priorité à des pays africains. Elle aussi, préfère les migrants chinois, dans l’espoir que travaillant comme des petites fourmis 12 heures par jour, ils vont contribuer à dynamiser l’économie du pays, alors que pour les Africains, c’est le contraire. La perception est que les Africains qui demandent à immigrer au Canada, sont des personnes qui n’aiment pas le travail et fuient leurs pays dans l’illusion de trouver où gagner beaucoup en travaillant moins.
En d’autres termes, ce sont ceux qui disent aux Africains que les Chinois vont les envahir qui vont négocier pour recevoir les Chinois chez eux en nombre, par l’assouplissement des conditions d’arrivée de ces Chinois et c’est la Chine qui ne veut pas. Si la Chine limite ses citoyens qui s’installent au Canada, pourquoi devrait-elle du jour au lendemain multiplier par 10 le nombre de vols entre la Chine et l’Afrique, juste pour se débarrasser de ses citoyens et envahir l’Afrique ? Que voudrait-elle prendre qu’elle ne prend pas déjà au Canada ? Si pour les autorités publiques en Occident, les travailleurs chinois peuvent dynamiser des secteurs entiers de leurs économies, pourquoi dès lors qu’il s’agit des mêmes Chinois en Afrique, leur présence serait plutôt catastrophique pour l’économie africaine ?
D- POURQUOI RIEN SUR L’INDE ?
Pour comprendre le degré de manipulation des Africains dressés contre la Chine, il faut aussi se demander pourquoi les Occidentaux ne nous disent jamais que les Indiens vont envahir l’Afrique alors qu’il y aurait 3 éléments probants qui pourraient être en faveur de cette thèse, même si erronée :
1- l’Inde a presque la même population que la Chine, mais sur un territoire plus 3 fois plus petit. Et la richesse du pays est, là aussi, 3 fois plus petite. Donc, si un pays avait besoin d’espace vital, ce serait l’Inde avec ses 3,2 millions de km², sa richesse de 1.873 milliards de dollars en 2011 et non la Chine, avec ses 9,7 millions de km² et ses 7.318 milliards de dollars toujours en 2011. Si les Africains croient facilement à cette fable, c’est parce qu’ils utilisent tous la carte du monde-mensonge qui fait voir la Chine plus petite que sa vraie proportion. Elle est en réalité, 3 fois plus grande que l’Europe et 1/3 de la superficie de toute l’Afrique (30 millions de km2).
2- La Chine a la politique d’enfant unique, donc tient sous contrôle sa croissance démographique, ce que ne fait pas l’Inde. La première conséquence est que la Chine a aujourd’hui, comme le Japon, un problème du vieillissement de sa population, contre lequel l’Etat chinois semble n’avoir rien prévu. Et ce ne sera certes pas les exercices physiques dans les jardins publics de toute la Chine à affronter ce sérieux problème qui vient du fait qu’un couple qui met au monde un seul enfant, ne contribue même pas à remplacer les deux composantes du couple, car 1+1 donne 1 et au final, la Chine a plutôt peur d’une réduction drastique de sa population, ce qui contracterait sa consommation interne, donc, entraverait sa croissance. Pire, un couple de jeune chinois aujourd’hui, mari et femme étant des fils et fille uniques, ont 4 parents desquels s’occuper à la vieillesse. C’est un ratio intenable. Et si ce couple doit aller s’installer à l’étranger, disons, en Afrique, pour ses 4 parents devenus vieux, c’est la catastrophe. C’est ce qui va expliquer en partie le fait que le séjour africain n’est jamais définitif. Les Indiens n’ont pas ce genre de problème.
3- Le plus gros de l’économie des pays de l’Afrique de l’Est est entre les mains des Indiens, pas uniquement le commerce comme dans quelques pays africains pour les Chinois, mais aussi l’industrie, notamment au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et même en Ethiopie où les secteurs entiers de l’industrie mécanique, pharmaceutique, agroalimentaire.
Conclusion : Ils ne disent pas que l’Inde va envahir l’Afrique, mais, plutôt, la Chine, parce que l’Empire du Milieu (la Chine) leur fait peur et l’Inde non. Contrairement à l’Inde qui vit avec ses contradictions sociologiques des castes, de l’analphabétisme, du contrôle des naissances non maitrisé, fragilisant la puissance économique qu’aurait pu être ce pays, la Chine a refusé d’occuper la place d’ouvrière que l’Occident lui avait assignée. La Chine a l’ambition de prendre la place du maître et comme ce scénario ne fait pas partie de l’ordre des choses, c’est elle l’ennemie à abattre et non l’Inde qui se contente de son rôle de deuxième et troisième rang. La Chine est la vraie puissance même militaire, pas l’Inde, capable de donner les moyens aux Africains pour en finir avec 500 ans de soumission. Alors on crie au loup et les victimes africaines aussi crient au loup, contre celle-là même qui pouvait leur permettre de sortir des griffes du prédateur européen.
Pour bien comprendre, prenons l’exemple du Cobalt. Ce nom vient de l’allemand Kobolt, qui signifie magique, ensorcelé, parce que sa très haute toxicité a fait dire aux mineurs allemands qu’il était ensorcelé. Le cobalt est un produit jugé stratégique qui va s’épuiser dans environ 100 ans. Il est utilisé dans plusieurs domaines industriels comme la métallurgie pour les alliages spéciaux devant résister à la chaleur, dans la fabrication d’accumulateurs pour batteries comme les piles au Lithium pour les tablettes, les ordinateurs portables, et les téléphones portables, pour fabriquer les aimants, la coloration des vitres et les colles. Force est de constater qu’aujourd’hui, la Chine a réussi à mettre en faillite presque toutes les industries concurrentes de ces secteurs en Occident. Concernant des matières premières, 4 pays contrôlent les 50% de la production mondiale : la Finlande, le Canada, la Russie et la Chine. Question : Où la Finlande, le Canada et la Russie vendent aujourd’hui leur production de cobalt ? Bien sûr à la Chine. Puisque c’est la seule qui achète.
Et le premier producteur africain qu’est la Zambie à qui vend-il son cobalt ? Officiellement, pas à la Chine, mais dans les faits, la situation est de loin pire qu’il n’y parait et la spoliation du continent africain prend des proportions insoupçonnables.
Je vais vous expliquer à travers l’exemple de la Zambie et du Cameroun, les enjeux et surtout, comment est structurée la combine des Occidentaux en Afrique et pourquoi ceux qui organisent cette combine financent les médias mensonge pour manipuler les africains pour qu’ils détestent la Chine, et donc, préfèrent leurs prédateurs occidentaux. Voici donc l’exemple de 2 pays africains pour bien comprendre le mécanisme :
Voici les principales anomalies relevées de façon concordante par les deux cabinets d’audit : la Mopani Copper Mines n’a qu’un seul client, une entreprise suisse de négociation en matière première, la Glencore, géant suisse étant le plus grand trader au monde des matières premières.Avec cette dernière, les deux rapports tranchent et arrivent à la même conclusion : « les coûts d’exploitation sont surévalués, les volumes de production de cobalt sont inférieurs de moitié par rapport à ceux des autres producteurs de la même région, les prix de transfert à Glencore en Suisse, sont étonnamment bas » Conséquence : un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars de recettes fiscales pour un pays que l’ONU continue de classer comme une nation où 73% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Comme si ça ne suffisait pas, en 2005, La Mopani Copper Mines, sera félicitée par l’Union Européenne pour son très bon travail pour développer la Zambie, puisqu’elle lui donne un financement de 48 millions d’Euros à travers la Banque Européenne d’Investissement. N’est-ce pas la preuve même qu’ils sont tous complices pour spolier l’Afrique ?
Mais ce que nous savons en revanche, c’est que le communiqué de Mason est l’épilogue d’un bras de fer entre Yaoundé et Washington avec les élections présidentielles d’octobre 2011 comme la pointe de l’iceberg. Où Washington a officiellement signifié au président camerounais qu’il ne devait plus se présenter aux élections présidentielles, pour avoir commis l’irréparable de mettre le cap sur Pékin. La Chine qui est habituellement très réservée pour les questions de politique étrangère, s’est montrée, dans cette circonstance, plutôt déterminée à chauffer ses muscles avec Washington, d’abord en inaugurant le premier port en eau profonde du pays (Kribi), avec un choix de la date non anodin, la veille des élections présidentielles, avec une première enveloppe de 1 milliard de dollars. Un pied de nez aux Américains avec Geovic (américaine) qui depuis 8 ans n’arrive pas à trouver quelques dizaines de millions de dollars pour faire démarrer le projet du cobalt de Nkamouna à l’est du pays. Ensuite, la Chine a montré les muscles le jour des résultats, lorsque c’est l’agence d’information chinoise Xinhua qui a donné les résultats des élections présidentielles camerounaises, 5 heures avant la proclamation par la cour suprême du Cameroun, la seule habilitée à proclamer les résultats. Les jours suivants, on assiste à un cafouillage dans le cap occidental : le Ministre Français des Affaires étrangères Alain Juppé félicite le président réélu et félicite la bonne organisation du scrutin, avant de faire marche arrière 24 heures plus tard lorsque l’Ambassadeur Américain met le pied dans le plat en critiquant les fraudes lors des élections. Mais c’était comme si le chien occidental aboyait et la caravane du Cameroun tirée par la Chine avançait à vive allure. Jusqu’à hier lorsque Mason a jeté l’éponge.
Avant d’en arriver là, l’Etat du Cameroun, après 8 ans de surplace dans ce partenariat avec une entreprise américaine, et alerté par la mésaventure zambienne, dès qu’il a pu agir en toute liberté, c’est-à-dire, sans les contraintes du Fond Monétaire International, a frappé à la porte de l’unique acheteur et après une série de voyages avec tout le gouvernement au complet en terre chinoise et une bonne dose de baratin, ils ont réussi à convaincre les Chinois à venir les sauver des griffes des prédateurs habituels. Et cette fois-ci, plutôt que de parler d’argent, on a parlé d’échange, de troc, du concret.
A la place de 30 ans d’exploitation du cobalt, la Chine s’engage à transformer le Cameroun sur le plan industriel et des infrastructures : autoroutes, hôpitaux, internats, lycées, écoles dispensaires, industries lourde (mécanique, aciérie) etc. La Chine sait qu’elle est observée par tous les pays déjà truandés. Et si l’expérience sera concluante, c’est la fermeture assurée pour toutes compagnies minières occidentales en Afrique. D’où la grande campagne médiatique contre la Chine en ce moment, sur tous les médias mêmes nationaux en Afrique, avec des invités de marque qui sont très souvent des grands intellectuels, des professeurs d’université qui, dans l’ignorance complète de la géostratégie, sont très facilement manipulés par le système qui les utilise pour expliquer aux africains pourquoi ils doivent se méfier des chinois qui envahiraient l’Afrique.
Ce qui m’a le plus surpris du communiqué de l’américain, c’est sa sincérité dans l’aveu qu’ils étaient un frein et qu’avec la Chine, c’est le peuple camerounais tout entier qui en sort gagnant. Voici ce qu’il déclare :
“This Definitive Agreement represents significant progress advancing the Nkamouna Project toward construction and into production. Construction could commence as soon as the project financing is arranged, bringing much needed jobs and economic diversity and development to Cameroon. « The biggest winners here are Geovic Cameroon, a Cameroon corporation, and the people of Cameroon, who shall experience Cameroon’s first major mining project transitioning from a vision to reality. ».
Ces déclarations rendues public il y a à peine 24 heures, d’un PDG américain qui reconnait que leur retrait d’un projet minier en Afrique est une victoire pour la prospérité de ce peuple, parce que le fait de le céder à une entreprise publique chinoise va finalement permettre au projet d’avoir les fonds nécessaire pour démarrer, se passent de commentaire.
C’est depuis 15 mois qu’on attendait cette bonne nouvelle. Les 2 géants mondiaux des matières premières, le négociant suisse Glencore et le producteur anglo-sud-africain, Xstrata décident de fusionner, pour former le premier groupe mondial de production des matières premières, un géant d’une valeur de 76 milliards de dollars. Oui, mais, on a beau être un colosse mondial de 76 milliards et contrôler toutes les matières premières de la planète, si le seul acheteur n’est pas d’accord, c’est une fusion inutile. Voilà pourquoi Pékin devait être d’accord pour que la fusion se fasse. Et contrairement aux autres pays comme l’Afrique du Sud, les USA et l’Union Européenne qui avaient donné leur accord un an auparavant, la Chine avait des exigences plutôt curieuses : selon le communiqué du ministère chinois du commerce en date du 16/04/2013, elle a demandé et obtenu que ce nouveau groupe lui cède avant 2014 sa plus importante mine de cuivre de Las Bambas au Peru qui va débuter la production, à partir de 2015, de 400.000 tonne de cuivre par an. En plus, selon Pékin, le nouveau groupe s’est engagé à se débrouiller pour trouver n’importe où sur la planète (ça importe peu à Pékin) et pendant 8 ans, 900.000 tonnes de cuivre à vendre à la Chine, 900.000 tonnes de zinc et 900.000 tonnes de plomb. Et c’est tout ? Oui, selon le communiqué. Il faudra le lendemain lire le journal économique italien « Il Sole 24 ore » pour découvrir une information tenue secrète par les deux parties : la Chine a demandé et obtenu le licenciement de toute une liste de cadres et dirigeants des deux sociétés avant la fusion, à commencer par Mick Davis, le PDG de Xstrata. Pire, l’humiliation ne s’arrête pas à son directeur. La Chine a demandé et obtenu la mise à la porte du responsable de la division Cuivre, la mise à l’écart du responsable de la division Nickel et le licenciement du responsable de la stratégie.
C’est la réalité que souvent mêmes les journalistes et économistes occidentaux ignorent et même si leurs chroniques ou prises de position sont erronées, c’est souvent parfaitement en toute bonne foi. Leur principale faute est de croire qu’il suffit de séjourner en Occident pour savoir comment tourne le monde. Beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas compris que la seule manière de mettre à jour leur logiciel de pensée économique, comme je l’ai dit plus haut, est de séjourner un minimum de 6 mois en terre chinoise.
Revenons aux matières premières africaines. La Chine a des stratégies articulées en plusieurs axes :- sécuriser son approvisionnement en devenant propriétaires des principales sociétés qui contrôlent les plus grandes mines du monde.
– Acheter les entreprises moribondes dans certaines matières stratégiques. Par exemple devant la grande crise financière en Occident, et consciente du fait que ses réserves en dollars américains risquent de se traduire en simples bouts de papiers, la Chine a décidé d’augmenter sa réserve d’or et plutôt que d’aller acheter l’or sur les marchés et enrichir ses concurrents occidentaux, elle a tout simplement décidé d’acheter les mines d’or. Ainsi, en une seule année, entre 2011 et 2012, les trois principales entreprises australiennes de production d’or : la Norton Gold Fields, la Southern Cross et la Focus Mineral, ont été achetées par les 3 principaux producteurs chinois d’or, la China Hanking Holdings, la Shandong Gold et la Zijin Mining. Elles ne s’arrêtent pas à l’Australie. En effet, le 16 Aout 2012, c’est cette dernière qui par un communiqué en chinois, nous informe qu’elle vient d’acquérir les 60% de l’entreprise étatique d’exploitation des mines d’or du Kirghizistan. 8 mois avant, c’est la Shandong Gold qui, avec 1 milliard de dollars, en achetant les actions à la bourse de New-York (New York Stock Exchange), s’offrait les 73% de la Juguar Mining qui contrôle des mines d’or dans plusieurs pays. Le bijou de ces acquisitions restant le projet Gurupi au Brésil avec une mine d’or dont les réserves sont évaluées à 2,3 millions d’onces.