Le Vème Congrès bolivarien “Jeune Indo-Amérique” s’est conclu le 26 juillet à Caracas. Il a réuni 260 délégués indigènes de 14 pays latino-américains et des Caraïbes autour du thème “fortifier la diplomatie entre les peuples du Sud”.
La déclaration finale lue par la déléguée équatorienne Diana Pijal (vidéo) rend hommage à Hugo Chavez en tant qu’initiateur de la politique de défense des droits des peuples originaires aujourd’hui poursuivie par le président Nicolas Maduro, et demande aux gouvernements du reste du continent d’oeuvrer à la reconnaissance totale des droits civils, politiques, économiques et de l’autodétermination des peuples indigènes.
Le congrès rappelle la nécessité de la démarcation de l’ensemble des territoires ancestraux et de la remise immédiate des titres de propriété aux communautés autochtones, de la lutte contre l’agro-business et contre la destruction de la terre-mère par les agro-toxiques, du développement de l’agro-écologie et de l’usage des semences autochtones pour lutter contre l’invasion des transnationales.
La déclaration propose également :
- L’intégration immédiate des organisations de la jeunesse indigène à la CELAC ainsi qu’au MERCOSUR à la faveur de la récente arrivée du Venezuela à la tête de cet organisme, afin de participer aux politiques de lutte contre le chômage, l’analphabétisme et la pauvreté en général.
- La création d’une école de formation socio-politique des dirigeants des mouvements de jeunesse indigène.
- L’intégration des peuples indigènes à la fonction diplomatique.
- La création de Conseils de gardiens écologiques.
- La création de l’agence d’information “Jeune Indo-Amérique”.
- La création d’une école pour l’étude et la transmission des savoirs de la médecine traditionnelle des peuples autochtones en complément de la médecine scientifique, hors de la logique commerciale.
- La création d’un fonds latino-américain pour financer les projets socio-productifs des peuples amérindiens et fortifier ainsi leur autonomie économique.
La Ministre vénézuéliene des Peuples Indigènes Aloha Nuñez
Le Vice-président de la république bolivarienne Jorge Arreaza a participé aux conclusions du congrès pour appuyer ses décisions.
Acte conclusif du Congrès « IndoAmérica Joven », Caracas, 26 juillet 2013.
Comme l’ont fait la CELAC, l’ALBA, le MERCOSUR, l’UNASUR et l’OEA, le congrès indigène condamne la violation du droit international et le comportement discriminatoire, néo-colonialiste, de pays comme la France, l’Italie, le Portugal et l’Espagne qui ont fermé leur espace aérien au président bolivien Evo Morales sur injonction des États-Unis. La dirigeante Diana Pijal a conclu en rappelant la pensée d’une de ses compagnes de lutte en Équateur : “nous sommes comme les herbes des haut-plateaux qui repoussent quand on les arrache”.
La Ministre Aloha Nuñez (à droite) visitant une communauté autochtone, juillet 2013.
La ministre vénézuélienne des peuples indigènes Aloha Nuñez, membre de la nation Wayuu (1), a pour sa part rappelé l’importance de ce dialogue entre pays-frères qui a permis à la déléguée mexicaine ou aux représentants péruviens venus à Caracas par voie terrestre, de juger sur pièce des conquêtes des peuples indigènes du Venezuela afin d’en informer leurs mouvements.
Aloha Nuñez a souligné que ce congrès est un des fruits de la révolution bolivarienne. Avant sa première élection en 1998 Hugo Chavez s’était engagé à régler en priorité la dette due depuis cinq cents ans aux peuples indigènes (bien qu’au Venezuela ceux-ci ne représentent environ que 3 % de la population). Une fois élu, le président a convoqué une assemblée pour rédiger la nouvelle Constitution Bolivarienne dont l’article 121 déclare : “Les peuples indigènes ont le droit de maintenir et de développer leur identité ethnique et culturelle, leur cosmovision, leurs valeurs, leur spiritualité et leurs lieux sacrés et de culte. L’État appuiera la mise en valeur et la diffusion des manifestations culturelles des peuples indigènes qui ont droit à une éducation propre et à un régime éducatif interculturel et bilingue qui respecte leurs particularités socio-culturelles, leurs valeurs et leurs traditions. »
Cet article a ouvert la voie à une série d’instruments légaux qui ont permis de visibiliser les peuples indigènes et leur ont donné des moyens effectifs d’action comme en témoigne la création du ministère.
Construite sur les rives des fleuves Orénoque et Tauca, dans l’État de Bolívar, l’Université Indigène du Venezuela est un exemple de cette lutte pour défendre et transmettre les savoirs ancestraux de communautés victimes depuis longtemps de l’acculturation provoquée par l’invasion de sectes évangélistes, de la violence des grands propriétaires terriens ou de l’exploitation illégale des gisements de minéraux.
Cette initiative des peuples autochtones, unique en Amérique Latine, a obtenu la reconnaissance et l’appui du gouvernement bolivarien qui en a fait une université publique en juin 2010 et a créé un second siège dans l’état d’Amazonas.
Un des apports gouvernementaux consiste en l’octroi de bourses collectives gérées par les communautés Tegui, Cuibas, Puné o Yaruro, Baniva, Bare, Jivi, Kurnipako, Mako, Piapoka, Piaroa, Punave, Yavorana, Yekuana, Warao, Arawak, Macuchu, Pemón, Sanema, Umak o, Anitani, e’ñepá, ou Jodi.
Le reportage photo ci-dessous montre la vie de ces étudiant(e)s – depuis leurs trajets vers l’université jusqu’à l’étude et au repos dans la résidence.
Note :
(1) Lire « Aloha Nuñez : continuer la lutte des peuples indigènes du Venezuela » ,http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/14/aloha-nunez-continuer-la-lutte-des-peuples-indigenes-au-venezuela/
Photos : Jorge Silva / Caridad – HavanaTimes. Vidéo : TVEs, chaîne publique vénézuélienne.