L’ONU a exprimé lundi sa préoccupation devant la poursuite des combats entre les forces maliennes, appuyées par l’armée française, et les groupes islamistes radicaux, qui ont provoqué une vague de déplacement parmi les populations civiles et aggravé la situation humanitaire au Mali.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 30.000 personnes ont fui leurs foyers au cours des derniers jours, après que les autorités maliennes ont déclaré l’état d’urgence et le début de l’offensive aérienne de l’armée française contre les rebelles. Le nombre de déplacés internes est désormais porté à plus de 200.000.
« La dégradation des conditions sanitaires, de la sécurité alimentaire et des soins de santé dans le nord du pays au cours des neuf derniers mois pourrait empirer sous l’effet de la hausse du nombre de déplacés. », a confirmé le porte-parole de l’OCHA, Jens Laerke, lors d’un point presse donné aujourd’hui à Genève.
Le nord du Mali est contrôlé par des islamistes radicaux depuis le début des combats entre forces gouvernementales et rebelles touaregs en janvier 2012. Les hostilités reprennent à un moment où l’OCHA estime à 4,2 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire au Mali.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) souligne de son côté les difficultés de plus en plus grandes pour accéder aux régions les plus isolées du nord du pays, où les combats font rage. À Bamako, la capitale malienne, de nombreuses familles luttent pour survivre sur fond d’insécurité grandissante.
« De nombreuses familles vivent dans des pièces vétustes, privées d’électricité, d’accès à l’eau et d’espace suffisant pour héberger tous les membres d’une même famille. Les besoins financiers, alimentaires et de logement sont immenses et le HCR travaille avec ses partenaires sur des activités génératrices de revenus pour aider à améliorer la situation.
« Parallèlement, nous continuons à venir en aide aux réfugiés se trouvant dans des camps au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie, en leur fournissant de l’eau potable, des installations d’assainissement et d’hygiène, des soins de santé et des services éducatifs », a indiqué le porte-parole du Haut Commissariat, Adrian Edwards.
Jusqu’à présent, le HCR a seulement reçu 63% – soit 77,4 millions de dollars – sur le montant total du dernier appel de fonds, d’un montant de 123 millions de dollars, pour financer ses opérations en faveur des réfugiés et des déplacés maliens.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué que l’insécurité alimentaire chronique serait aggravée par le conflit, alors qu’il a jusqu’à présent réussi à acheminer des rations alimentaires d’urgence à 270.000 personnes dans le nord du pays, dont 70.000 déplacés. Cependant, prévient l’agence onusienne, le travail est rendu difficile par la détérioration des conditions de sécurité.
La porte-parole du PAM, Elisabeth Byrs, a ajouté pour sa part que les efforts se poursuivront pour prêter assistance à plus de 400.000 personnes touchées par la crise dans les villes de Tombouctou, Gao et Kidal, parmi les plus durement touchées par les combats.
Alors que le nombre de personnes déplacées ne cesse d’augmenter, les craintes concernant les enfants se font sentir davantage, en particulier ceux qui sont séparés de leurs familles, particulièrement vulnérables aux abus et au recrutement forcé par des groupes armés, s’inquiète le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
« L’utilisation des enfants dans le cadre d’affrontements armés constitue une préoccupation majeure », a souligné la porte-parole de l’UNICEF, Marixie Mercado, au cours du point de presse. « Les enfants sont souvent mis en première ligne des combats, ce qui augmente considérablement le risque d’être tué ou blessé ».
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