A la veille de la Journée internationale contre l’impunité, l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, a rendu public, le 22 novembre 2012, un rapport décrivant en détail la violence que subissent les journalistes somaliens depuis 2007 et l’impunité dont bénéficient leurs ennemis.
Lire le rapport intitulé « Impunity : War on Somalia’s journalists »
Cette publication, soutenue par l’ambassade de France au Kenya et à laquelle plusieurs partenaires de la NUSOJ ont participé, intervient au terme de l’année la plus meurtrière de l’histoire de la Somalie pour les journalistes, avec 18 d’entre eux tués depuis le 1er janvier 2012. La NUSOJ rappelle qu’au cours des six dernières années, 44 hommes de médias sont décédés en raison de leur profession et que les journalistes sont quotidiennement victimes de menaces et d’agressions.
« L’hostilité et les menaces ont cultivé un climat de terreur et d’insécurité qui ont freiné le journalisme indépendant et encouragé l’autocensure comme moyen de protection », affirme la NUSOJ dans son rapport.
L’organisation dénonce surtout la passivité des autorités et l’absence d’enquêtes suite aux assassinats de professionnels des médias.
Le document conclut que l’impunité dont bénéficient les auteurs de crimes contre les journalistes trouve son origine directe dans la corruption et la complicité du système policier et judiciaire somalien.
Alors que près de 250 journalistes ont fui la Somalie depuis 2007, il est essentiel que le gouvernement du nouveau président Hassan Sheikh Mohamud garantisse aux journalistes sécurité et justice. Pour atteindre cet objectif, la NUSOJ présente aux autorités somaliennes et internationales une série de recommandations, incluant notamment :
- l’urgence de l’adoption d’une réforme de la loi sur la presse,
- le lancement d’enquêtes pour chacun des 44 meurtres d’hommes de médias,
- le déclenchement de poursuites pénales, par des autorités impartiales et compétentes, contre les auteurs des crimes visant les journalistes.
Reporters sans frontières soutient pleinement ces recommandations.
Peu après la publication de son rapport, la NUSOJ a malheureusement appris l’arrestation, à Mogadiscio, le 21 novembre, d’un reporter du service somali de la British Broadcasting Corporation (BBC), Ibrahim Mohamed Adan, pour « diffusion de fausses informations » (« false news »). La NUSOJ et Reporters sans frontières demandent sa libération immédiate et sans condition.