Comparée aux élections présidentielles au Venezuela il y a quelques semaines, celle des États-Unis semble bien plate et artificielle. 90 millions d’Américains n’iront probablement pas voter cette année. Ce que proposent les candidats ne reflète pas leurs réelles difficultés. 15 % de la population américaine vit en dessous du seuil de pauvreté. Pourtant, au cours des trois débats présidentiels passés, aucun des candidats n’a abordé le sujet. A dire vrai, le gouverneur Romney a évoqué la pauvreté à cinq reprises et le président Obama s’est exprimé à propos de « ceux qui veulent atteindre la classe moyenne » sans être très explicite. Ignorer ce sujet est vu comme une occasion manquée selon des sondages récents organisés par American Values Network. Au total, 87 % des votants pensent qu’en matière d’idéologies, la pauvreté et les travailleurs pauvres devraient être l’une des priorités du gouvernement.
La vraie question à se poser est : que font les démocrates depuis quatre ans ? L’orientation en matière de politique américaine n’a pas changé, la concentration du pouvoir autour de l’économie s’est renforcée, Wall Street est plus puissant que jamais et 50 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Bien sûr, le gouvernement a dû faire face à de grosses difficultés, concernant surtout la santé et l’immigration. Mais quelle déception devant tant d’occasions manquées depuis quatre ans ! Premier échec : le Parti démocrate a été incapable de tirer profit du pouvoir des jeunes, ces derniers ayant soutenu et élu Barack Obama président et n’ayant jamais été récompensés en retour, oubliés dès le lendemain de l’élection ! Second échec : l’occasion manquée de capturer Oussama Ben Laden. Ça aurait pu être le procès du siècle et servir de tremplin pour débattre de sujets importants et à l’échelle mondiale comme les relations entre l’Occident et le reste du monde, la place de l’Islam dans la société actuelle, la parité économique dans le monde, et surtout, la violence, la non-violence et la justice. Au lieu de cela, notre gouvernement l’a tué dans un pays étranger, de manière tout à fait illégale ! Faut-il rappeler au gouvernement la loi de ce pays : une personne est innocente tant qu’elle n’est pas JUGÉE et DECLARÉE coupable ? Troisième échec : la décision du gouvernement de ne pas soutenir le mouvement Occupy, qui a mobilisé des centaines de villes pendant des mois et déchaîné les médias. Le gouvernement aurait pu créer un espace de débats ouverts sur le rôle de Wall Street dans la situation économique actuelle et le paradoxe entre argent et démocratie, par exemple. Quatrième échec : l’occasion manquée de renflouer les plus grandes banques. Au lieu de cela, il aurait été judicieux de les séparer pour créer de plus petites institutions avec des rôles spécifiques : services bancaires, crédits et assurances… Afin de mettre un terme aux monopoles qui ne font qu’affaiblir la population en contrôlant tous les aspects de ses finances !
Ce mois-ci, le Ministère des Affaires Étrangères de la Fédération de Russie a publié un rapport sur la situation des droits de l’homme aux États-Unis, avec en première page : « Aux États-Unis, parmi les problèmes les plus graves figurent ceux des inégalités sociales, de la discrimination raciale, ethnique et religieuse, la détention perpétuelle de prisonniers sans avoir connaissance des charges retenues contre eux, la justice partiale, les prisons opérant en-dehors des limites autorisées, la torture, l’influence des autorités gouvernementales sur les procédures judiciaires, un système pénitentiaire faible, une liberté d’expression restreinte, la censure sur Internet, une corruption légalisée, les droits de vote des citoyens limités, l’intolérance raciale et ethnique, l’irrespect des droits de l’enfant, l’application des lois américaines hors de leur juridiction menant à l’irrespect des droits de l’homme dans les autres pays, le kidnapping, la ‘chasse aux sorcières’, l’abus de force lors de manifestations pacifistes, la peine de mort pour les mineurs et les handicapés mentaux, etc. »
A regarder ces débats présidentiels, il est clair que les deux candidats représentent les institutions financières et le pouvoir de l’argent mais certainement pas la population, qui peine à se faire entendre. Les représentants de la « démocratie » se rabaissent à un jeu primitif, celui de tout faire pour que l’autre perde !
Traduction de l’anglais : Eva Delacoute