Depuis le coup d’Etat militaire intervenu au Mali en mars dernier, une confusion totale règne dans la partie Nord du pays occupée par les islamistes dirigés par les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Le MNLA est ce qui reste de ce vaste mouvement touareg que Kadhafi avait pris sous son aile pour réaliser le royaume qui devait le proclamer Roi et qui servait à l’occasion à faire du chantage aux voisins comme l’Algérie où le Maroc par Polisario interposé. L’objectif final de ce mouvement était de conquérir toute la partie sud du Sahara jusqu’à l’Atlantique en mordant un peu sur tous les pays des alentours. L’Algérie ayant neutralisé ses propres Touaregs et avec la chute de Kadhafi, le Mali se retrouve en ligne de mire. Le pouvoir central très affaibli n’a rien pu faire malgré une vaine résistance au début. Le MNLA a proclamé l’indépendance de l’Etat islamiste de l’Azawad et a d’office occupé les trois régions du Nord. Cette partie du pays représente en chiffre plus d’un millions trois cent mille habitants composés de touaregs, sonrhaïs et maures. Soit respectivement 8%, 6% et 5% de la population malienne (environ 15 millions).
Récemment, les premières victimes de la loi islamique sont tombées : deux personnes ont été littéralement lapidées pour adultère dans la localité d’Aguelhok au Nord-est du Mali par les islamistes d’Ansar Dine. Mettant ainsi en application la charia, loi islamique codifiant l’ensemble des droits et des devoirs tant individuels que collectifs des musulman, comme la constitution dans les Etats démocratiques. Elle édicte le droit pénal et public et codifie le quotidien des individus de tous les jours. Cette loi islamique prévoit pour chaque crime, une sanction à la mesure du délit commis. Un homme célibataire qui fait l’amour à une femme également célibataire recevra, ainsi que la femme, cent coups de fouet et ils seront bannis un an. Dans le cas où ils sont mariés, ils recevront cent coups de fouet et seront lapidés à mort.
Le Mali n’est pas le premier pays à appliquer la charia sur le continent africain. On se rappelle qu’en octobre dernier, une foule avait lapidé une femme dans un stade bondé de spectateurs dans le sud de la ville portuaire de Kismayo. La milice islamique en charge de Kismayo l’accusait d’adultère après qu’elle eût signalé avoir été violée par trois hommes.
L’ONG Amnesty International avait largement fait écho du cas de la jeune soudanaise de 20 ans également condamnée à la lapidation pour adultère.
L’intolérance, l’intransigeance et l’extrémisme de ces islamistes proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) transposent les images afghanes au Mali. On garde encore en mémoire les images de destructions de mausolées et de tombeaux, jugés comme participant d’une idolâtrie hérétique, prohibée par la pratique salafistes des membres d’Ansar Dine.
L’application et interprétation de la charia dans un monde qui se veut libre et démocratique ouvre la voie à de nombreuses divergences aussi bien sur les droits de l’homme que sur la vie dans une société démocratique. La mise en application des lois coraniques à l’instar de la charia se heurte à ce que les extrémistes appellent « préjugés » des sociétés démocratiques.
Bien que prévue par la loi coranique, l’application de la charia dénote une cruauté et une barbarie qui constitue une violation des droits humains. Des études comparatives montrent que dans les pays musulmans dirigés par des extrémistes, le système pénal islamique n’a pas systématiquement recours à la prison tandis que le pilier de la répression dans les pays démocratiques est la privation de liberté.
Mais, on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi le souffle de vie que Dieu a gracieusement donné à un homme devrait lui être ôté par d’autres hommes. ? Cette interrogation étant valable aussi bien pour les pays musulmans qui pratiquent la charia que pour les pays démocratiques qui appliquent les condamnations à mort.