Ban Ki-Moon, le Secrétaire général des Nations Unies, souligne un fait peu connu : les institutions financières coopératives ont montré plus de stabilité dans la crise. Voici son discours prononcé lors de la Journée internationale des Coopératives et de l’Année internationale des Coopératives. Suivent quelques réflexions sur cette question.
« En cette Journée internationale des Coopératives, nous célébrons la façon dont les coopératives construisent un monde meilleur par la promotion du développement durable, de l’intégration sociale et du travail décent.
Les coopératives donnent le pouvoir à leurs membres et renforcent les collectivités. Elles favorisent la sécurité alimentaire et améliorent les perspectives pour les petits producteurs agricoles. Elles sont mieux connectées aux besoins locaux et mieux placées pour servir de moteurs à la croissance locale. En mutualisant les ressources, elles améliorent l’accès à l’information, au financement et à la technologie. Et leurs valeurs sous-jacentes d’auto-assistance, d’égalité et de solidarité offrent un repère dans une période économique difficile.
Les coopératives sont également essentielles au soutien des communautés autochtones, à l’emploi productif des femmes, des jeunes, des personnes handicapées, des personnes âgées et d’autres qui sont confrontés à la discrimination et à la marginalisation.
La crise financière et économique mondiale a également démontré la résilience des institutions financières alternatives telles que les banques coopératives et les caisses de crédit. En cette Année internationale des Coopératives, j’encourage toutes les parties prenantes à continuer à accroître la sensibilisation et à poursuivre des politiques visant à renforcer les coopératives partout. En contribuant à la dignité humaine et la solidarité mondiale, les coopératives construisent vraiment un monde meilleur. » Ban Ki-moon
Sait-on que c’est l’Année internationale des Coopératives ?
« L’Assemblée générale des Nations a déclaré 2012 « Année internationale des Coopératives », soulignant la contribution des coopératives au développement socio-économique, en particulier leur impact sur la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et l’intégration sociale.
Avec comme thème «Les entreprises coopératives construisent un monde meilleur», l’Année internationale des Coopératives poursuit trois objectifs principaux :
• Accroître la sensibilisation : sensibiliser le public à propos des coopératives et de leurs contributions au développement socio-économique et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement
• Promouvoir la croissance : promouvoir la naissance et la croissance des coopératives entre les individus et les institutions pour répondre aux besoins économiques communs et pour l’autonomisation socio-économique
• Mettre en place des politiques appropriées : encourager les gouvernements et les organismes de réglementation à établir des politiques, des lois et des règles propices à la naissance et à la croissance de coopératives.
• En sensibilisant la population à propos des coopératives, l’Année permettra d’encourager le soutien et le développement des entreprises coopératives par les individus et leurs communautés. »
Un système bancaire peut être le coup d’envoi d’un nouveau système économique
L’économie néolibérale a échoué, elle a montré ses défauts intrinsèques et même dans le cas peu probable où on réussirait à stabiliser un peu les choses, la dynamique de l’accumulation et de la concentration inhérente à l’éthique déréglée du « laissez-faire les Forces du Marché » va nous ramener encore et encore à ce point de crise. Pour améliorer les choses, un changement complet des principaux acteurs serait nécessaire. Vont-ils se rendre compte à temps que l’agitation sociale qui suivra l’effondrement des principales économies les emportera aussi ? Qu’il n’y a nulle part où aller dans la communauté mondialisée ? Vont-ils trouver US $ 32.000 milliards de dollars (le chiffre révisé à la hausse chaque fois que quelqu’un l’examine d’un peu plus près) dans les paradis fiscaux offshore ?
Plutôt que d’espérer, un nouveau modèle économique peut commencer à s’épanouir pendant que l’ordre ancien coule dans le bourbier qu’il a créé. Une économie mixte où les petites et moyennes entreprises vivent côte à côte avec les coopératives, communes et services coordonnés par un Etat démocratique, comme le Service National de Santé au Royaume-Uni.
Un bon point de départ serait de renforcer la position des caisses de crédit et des banques coopératives, qui se sont montrées moins enclines à verser dans la mentalité de casino de la banque spéculative, et donc moins susceptibles d’être déstabilisés par des actifs toxiques comme lors de la « débâcle des prêts hypothécaires à risque ». La prochaine étape serait de re-mutualiser les sociétés de construction qui ont été converties en banques plus «orthodoxes» lors de la frénésie néolibérale des années 80, ce qui pourrait être suivi par la mutualisation des autres banques si les actionnaires réalisent que leur argent y serait encore en sécurité et que leur avenir serait encore plus sûr.
Et c’est là le point clé d’un changement dans le système, les gens ont peur que si les banques échouent, ils perdront leurs économies, alors ils soutiennent le système tel qu’il est même s’ils le détestent. Les grandes banques, celles qui prennent le plus de risques, celles dont les directeurs gagnent le plus et se payent les plus hauts bonus, sont aussi celles qui ont réussi à créer l’illusion qu’elles sont les plus sûres. Cette contradiction structurelle est devenue une contradiction interne pour le commun des mortels. Bien qu’on sache que sa banque est un acteur majeur dans la création de la crise, qu’elle investit dans les pires des maux tels que le commerce des armes, qu’elle vole les pays pauvres et défend l’évasion fiscale pour les très riches, on continue à croire que c’est le meilleur endroit pour placer l’argent qu’on a durement gagné.
La contradiction interne ne s’arrête pas là, elle est tellement omniprésente que nous avons pris l’habitude de vivre avec elle : voter pour des candidats en qui nous ne croyons pas de sorte que ne gagnent pas ceux que nous aimons encore moins, accepter des emplois qui nous exploitent et des patrons désagréables par peur du chômage, sentiment d’impuissance lorsque nos taxes financent la guerre et la destruction dans des pays lointains, acheter bon marché des objets produits dans des ateliers clandestins ou par le travail des enfants, et ensuite critiquer les endroits où nous exportons la production parce que leur empreinte carbone augmente. Et bien sûr, réaliser des opérations bancaires avec les vautours.
La cohérence n’est pas un luxe, c’est un besoin humain. Dans la contradiction, nous sommes en guerre avec nous-mêmes et nous projetons la guerre sur notre environnement. La contradiction est à la racine de la violence, un pendule qui va et revient avec toujours plus de violence. Nous pouvons nous adapter à presque tout, nous engourdir, vivre sans se rendre compte, en consommant des potions, des jeux vidéo et Holly- (et Bolly-) wood , mais finalement quelque chose se brise. Est-il possible de vivre une vie cohérente dans un système contradictoire ? Il s’agit d’un processus dans lequel la cohérence croissante découle des actions pour rendre le système aussi moins contradictoire, pour soi-même et pour les autres.
Nous devrions être reconnaissants pour les petits rappels de la façon dont les choses pourraient commencer à changer. Merci Ban Ki-Moon de soulever la question des recherches qui montrent que les banques coopératives sont plus résistantes que leurs homologues plus «privés». Je vous remercie, Nations Unies, de faire de cette année l’Année internationale des Coopératives. Merci la crise de nous faire au moins réfléchir à des alternatives.