« Etant donné que la guerre commence dans les esprits des hommes, c’est aussi dans leurs esprits qu’il faut construire la paix», telle est la stipulation de la Charte de l’UNESCO dans son préambule.

Les anciennes colonies belges de l’Afrique centrale, la République Démocratique du Congo (RDC) et ses deux voisins jumeaux, le Rwanda et le Burundi, viennent de fêter leur cinquantième année d’indépendance dans un climat tendu et de suspicion surtout entre la RDC et le Rwanda depuis la réapparition de la guerre à l’Est de la RDC déclenchée par les Mutins du M23 en Avril 2012.

Cet article se veut d’abord un cri d’alarme lancé par « ETOILE.COM » (Organisation rwandaise qui mène son action dans le cadre « des médias vecteurs de la paix et de la démocratie) à tout homme, de près ou de loin, épris de paix et de non violence pouvant contribuer à la résolution pacifique des conflits armés et venir en aide aux populations civiles victimes des conflits endémiques de la Région des Grands Lacs. Il tente ensuite un bref essai d’explication des causes lointaines et proches des guerres permanentes à l’Est de la RDC et enfin, il propose une série de suggestions et de solutions pour une voie de sortie pacifique. 

**UNE REGION AUX CONFLITS ARMES ET AUX CRISES HUMANITAIRES DE LONGUE DATE**

Depuis 1960, l’année de départ des indépendances des pays de la Région des Grands Lacs, ces derniers ont été victimes d’une période à l’autre de conflits nationaux, régionaux et internationaux. On citera la guerre entre l’Ouganda et la Tanzanie des années 1980, la guerre de libération de la « Resistance National Army (RNA) du Président YOWERI MUSEVENI en Ouganda, qui a pris le pouvoir en 1986 ; au Rwanda, la guerre de libération de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) qui prit le pouvoir en juillet 1994 ,à la fin d’un génocide ayant emporté plus d’un million de vies humaines, en majorité des TUTSI ; en RDC, la guerre de libération de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila et ses alliés qui a pris le pouvoir en 1997 (Selon le rapport onusien, on parle plus de trois millions de pertes en vies humaines) ; au Burundi, la guerre menée par la CNDD/FDD aujourd’hui au pouvoir contre l’armée loyaliste dans les années 1992 -2000.

**EST- IL VRAI QUE LA PAIX N’EST PAS L’ABSENCE DE GUERRE ?**

Ces conflits ont marqué déjà les années 1900-1960 et continuent malheureusement dans les années 1990-2000. Tout commence par le Génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994 et qui débouchera sur les guerres en République Démocratique du Congo (RDC) de 1996 à 1997, 1998 à 2009 et enfin jusqu’à celle d’Avril 2012. Ipso facto, la Région des Grands Lacs d’Afrique fut et est encore le théâtre des conflits, de génocides, de guerres les plus meurtrières et de catastrophes humanitaires sans précédent. L’ONU, la Communauté Internationale et les pays de la sous Région, notamment le Rwanda, la RDC, l’Ouganda, le Burundi, la Tanzanie ont toujours vainement essayé de stabiliser durablement toute les parties de la Région des Grands Lacs. Cet échec est dû principalement aux facteurs internes et externes. De ces facteurs, on citera et sans entrer dans beaucoup de détails, la présence locale de différentes forces rebelles qui ont vu le jour juste après les indépendances, la divergence d’intérêts nationaux et régionaux, la crise locale de leadership, la démocratie malade, l’ignorance et la pauvreté galopante, le néo-colonialisme, l’impérialisme, la mondialisation, pour ne citer que ceux -là.

Et voilà qu’une nouvelle guerre à l’Est de la RDC déclenche non seulement une nouvelle crise humanitaire, une menace pour la paix régionale mais aussi une guerre des mots et discours diplomatiques entre le Rwanda et la RDC. Le Rwanda est accusé par la RDC (par le truchement des rapports de l’ONU et l’Organisation Américaine Human Right Watch) de soutenir les Mutins du M23 (via l’enrôlement, les équipements et le fait de servir de base arrière) tandis que le Rwanda plaide non coupable et rejette en bloc toute la responsabilité aux autorités congolaises incapables de protéger leurs frontières, de défendre leurs populations et qui prennent le Rwanda pour bouc émissaire à travers les canaux médiatiques! Le Rwanda pointe du doigt aussi la MONUSCO (Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo), mission onusienne la plus importante déployée dans le monde avec dix sept mille hommes en RDC, un budget annuel de plus d’un milliard de dollars américains mais qui ferait bien de remplitr ses devoirs au lieu de faire des rapports parfois inflammatoires et sources d’insécurité régionale.

Espérons qu’au moins les deux pays, le Rwanda et la RDC s’arrêteront là, sinon le pire est encore à craindre, d’autant que le Rwanda vient d’accuser à son tour la RDC de soutenir les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), les forces rebelles anti-Rwanda majoritairement présumés responsables du génocide au Rwanda en 1994, trouvant asile à l’Est de la RDC ou ils opèrent militairement malgré la présence de l’armée loyaliste congolaise, les FRDC et la MONUSCO.

Vu la complexité de la problématique de cette situation sécuritaire en panne, je ne doute pas que ceux qui lisent cet article ont soif de comprendre le phénomène de ces conflits et guerres inlassables tantôt au niveau national tantôt international, origines de catastrophes et crises humanitaires permanentes dans la Région de Grands Lacs.

**LE M 23 ET LE GENERAL BOSCO NTAGANDA A LA UNE MEDIATIQUE**

Le lundi 30 Avril 2012, la situation sécuritaire s’est encore gravement détériorée, pour la quatrième fois consécutive en 16 ans, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) particulièrement dans la Province du Nord-Kivu frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda. La source de la guerre est pour le moment une mutinerie qui a éclaté dans trois unités des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) au Nord et au Sud-Kivu. Cette nouvelle guerre constitue non seulement une menace pour la paix et la sécurité dans toute la sous-région des Grands Lacs d’Afrique mais aussi le risque d’une nouvelle catastrophe humanitaire.  

Qui sont les mutins, qui les dirigent, qui les soutiennent et quoi revendiquent-ils ?

Les mutins sous le nom du Mouvement 23 (M23) sont créés et dirigés officiellement par Colonel SULTANI MAKENGA et en réalité dirigés officieusement par le Général Bosco NTAGANDA, homme fort du M23 et un des d’anciens membres du groupe armé du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) du Général Laurent NKUNDA. Ce dernier est aujourd’hui incarcéré en résidence surveillée au Rwanda.
**ENCORE LA PROBLEMATIQUE RWANDOPHONE !**
Les populations congolaises frontalières avec le Rwanda écoutent et/ou parlent couramment le Kinyarwanda, partagent aussi avec les rwandais la même culture et les mêmes clans, tout comme les populations frontalières avec l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie. Le malheur de cette population rwandophone congolaise est qu’elle n’est pas considérée comme congolaise à part entière par la plupart des congolais des autres provinces ! Elle a été toujours été considérée comme rwandaise bien qu’elle cohabite avec d’autres congolais qui ne sont pas des Tutsi ou des Hutu, principales ethnies du Rwanda, Burundi et de l’Est de la RDC. Ce phénomène de rwandophones non rwandais, est principalement issu de deux simples facteurs historiques :
Primo, les frontières des pays africains tracées au lendemain de la **Conférence de Berlin en Allemagne** ( Du 15 Novembre 1884 au 26 Février 1885 qui marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique) et n’a pas tenu compte en général des frontières existantes et des relations des populations.

Secundo, le facteur migratoire relatif aux **mouvements des réfugiés rwandophones** issus des différents conflits et guerres qui ont caractérisé les pays de la sous région surtout le Rwanda, la RDC, le Burundi et l’Ouganda.
Rappelons qu’avant la Conférence de Berlin, une partie du Sud et du Nord Kivu de la RDC, tout comme une grande partie du Sud de l’Ouganda, étaient des territoires rwandais. Ce qui explique la présence d’une population régionale rwandophone (qui écoute et/ou parle le Kinyarwanda) estimée entre 25 et 30 millions alors que la population rwandaise est aujourd’hui aux environs de 12 millions. Voilà pourquoi les organisations humanitaires et les autorités congolaises accusent toujours à tort ou à raison les autorités de Kigali d’avoir un rôle direct ou indirect dans les conflits inter-congolais. Lorsqu’un gouvernement d’un pays maltraite et tue une partie de sa population, il est le devoir des autres pays limitrophes ou lointains de la secourir et de la défendre dans le respect des normes et règles internationales en vigueur. Le Rwanda est mieux placé pour comprendre cette ancienne pratique d’assistance de personnes en danger (mise en application récemment en Libye) par le fait du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au vu et au su de la communauté internationale restée inerte et anesthésiée.
Force est de constater que l’une des raisons du déclenchement de la mutinerie est le non-respect de l’Accord signé entre le Gouvernement Congolais et le CNDP le 23 mars 2009, (d’où le nom du Mouvement du 23). Cet accord reposait principalement sur le retour et la réintégration des réfugiés congolais dans les camps au Rwanda, en Ouganda, au Burundi et ailleurs, la réintégration des combattants du CNDP dirigé par Bosco NTAGANDA dans les forces loyalistes, la lutte contre les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) actif à l’Est de la RDC ainsi que la participation du CNDP dans les instances étatiques. Selon le M23, ces accords n’ont pas été respectés par le Gouvernent de Joseph KABILA, actuel Président élu lors des élections contestées par l’opposition en 2011.

**QUI EST LE CHEF INVISIBLE DES MUTINS, LE GENERAL BOSCO NTAGANDA ?**
Selon la version de certains de ses compatriotes rwandophones congolais, c’est l’homme qui a trahi son Co-fondateur du CNDP, le Général Laurent NKUNDA, arrêté par le Rwanda en connivence avec Kinshasa. A la tête du CNDP et à la lumière des accords du 23 mars 2009, il réintègre l’armée loyaliste FARDC et est nommé Général en compensation de cette haute trahison, profitant ainsi d’être à l’abri du mandat d’arrêt lancé par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre.
Selon le Gouvernement de Kinshasa et la version des médias tant locaux qu’internationaux, le Général Bosco NTAGANDA, rwandophone âgé de 39 ans, dénommé « TERMINATOR », est l’instigateur de la nouvelle guerre à l’Est de la RDC avec son M23. Les médias internationaux se focalisent sur lui car il est actuellement dans la ligne de mire de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye. Un mandat d’arrêt est émis contre lui pour crimes de guerre, enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans ses rangs lors des combats dans le district de l’ITURI en Province Orientale, à l’Est de la RDC. Son co-accusé, Thomas LUBANGA, a fait l’objet du premier verdict de la CPI qui l’a reconnu coupable le 14 mars 2012.

**DE L’APR, AFDL, RDC, UPC, MRC, CNDP, FARDC AU M 23 : HUIT DIFFERENTES CARRIERES POLITICO-MILITAIRES EN DISENT BEAUCOUP SUR LE GENERAL.**
Le Général Bosco NTAGANDA a été militaire dans l’Armée Rwandaise au sein de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) depuis l’Ouganda, au Rwanda et en RDC avant de passer aux sept autres mouvements politico-militaires rebelles en RDC depuis 1996. Il n’est pas le seul militaire ayant fait partie de l’armée régulière ou ayant participé dans les conflits armés dans plus de deux ou trois pays de la sous-région !
Selon une source bien informée, Le Général Bosco NTAGANDA au maniement des armes dans l’Est de la RDC (bien que celui-ci dans un langage politique, dit de ne rien avoir à faire avec le M23) a débuté sa carrière militaire dans l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) – aujourd’hui nommée «  Rwanda Defense Forces (RDF) » qui a mis fin au Génocide de 1994 perpétré contre les TUTSI au Rwanda. Il procédera alors dans des rangs de l’APR au renversement en 1997 de la dictature du feu Président MOBUTU SESEKO. Une fois en RDC, il rejoint l’Alliance de Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila ; feu Président et père Joseph KABILA. Donc, comme son père Laurent KABILA, Président Joseph KABILA connaissait le Général Bosco NTAGANDA tant au sein de l’APR et AFDL, avant que ce dernier rejoigne successivement le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), (Un mouvement politico-militaire qui a vu le jour à GOMA en 1998 dans la Province du Nord Kivu à l’Est du Congo, qui allait en guerre contre le Président Joseph KABILA après sa succession à son père assassiné par un des ses gardes corps). Il quitta le RDC pour l’Union des Patriotes Congolais (UPC) de Thomas LUBANGA, le mouvement rebelle dans le Nord Kivu, en tant qu’adjoint du chef d’Etat- Major Général et responsable des opérations militaires des Forces Patriotiques pour la Libération du Congo (FPLC), sa branche armée, puis il créa le Mouvement révolutionnaire du Congo (MRC) en 2005, puis rejoint le CNDP de Laurent NKUNDA après l’arrestation de Thomas LUBANGA par la CPI. Avec les accords du 23 mars 2009, il réintégre l’armée loyaliste, les FARDC et enfin il fonde le M23.
Ce General et le M 23 ont- t- ils envie de prendre le pouvoir de Kinshasa ou de créer un Etat Indépendant dans les deux Kivu comme on vient de le voir dans la région voisine du Sud du Soudan ? L’avenir nous le dira. Ce qui est sûr, bien que recherché par la TPI, ce Général est vu d’un côté comme un guerrier libérateur, de l’autre comme un assassin.

**EN MATIERE DE POLITIQUE, PAS D’AMIS NI D’ENNEMIS PERMANENTS !**
Au sein de l’UPC de Thomas LUBANGA à majorité HEMA (proche des Tutsi congolo-rwandais), le Général Bosco NTAGANDA organise les ripostes foudroyantes contre les LENDU. En juin 2002, le Président Ougandais MUSEVENI le fait arrêter avec Thomas LUBANGA et l’expédie comme cadeau à Kinshasa, renseigne un connaisseur du dossier. Bosco NTAGANDA est relâché le 26 août 2002 en échange de trois otages congolais (le professeur et homme politique NTUMBA LUABA, sa secrétaire et le journaliste NICAISE KIBEL’BEL OKA).
Ce mois d’août 2002, l’UPC prend le contrôle de la ville de BUNIA après les violences inter-ethniques qui ont nécessité l’intervention militaire issue des pays de l’Union Européenne pour mettre fin aux massacres des populations civiles par les rebelles locales. Lors de représailles de l’UPC et de ses alliés contre des populations locales en ITURIE, un massacre perpétré à SONGOLO fait plusieurs centaines de morts et portés disparus. Le rôle de Bosco NTAGANDA dans ces opérations est mis en exergue en tant que Chef militaire en charge des opérations du lieu des massacres. Mai 2003, l’UPC reprend le contrôle de la ville de BUNIA après l’avoir laissé entre les mains de l’armée ougandaise. Le Général Bosco NTAGANDA se rend responsable de toutes les expéditions punitives contre les populations civiles dans la région et de ces actes, il en tira le surnom anglais du « Terminator » ou Terminateur, en français ! Quand l’UPC de Thomas LUBANGA commença à perdre de son influence, Bosco NTAGANDA prend ses distances et crée le Mouvement Révolutionnaire du Congo (MRC) où il fera encore parler de lui jusqu’en 2005.
Nommé Général de Brigade par le pouvoir de Kinshasa au même moment que ses pairs miliciens de l’ITURIE tels que Germain KATANGA, KISEMBO et Gérôme KAKWAVU, Bosco NTAGANDA était le seul à n’avoir pas célébré l’événement, indique Le Pacificateur, un journal de la région. Il n’est jamais venu chercher ses galons. Le Général Bosco NTAGANDA a tout de même sous ses ordres près de 3.000 militaires, issus à majorité du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) du Général Laurent NKUNDA, comme ci-haut cité, un mouvement rebelle créé pour la défense des minorités Tutsi en RDC menacées par les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda.
Le Général est -ou pas- à craindre ; en RDC pour devenir Général ou accéder à un autre grade militaire supérieur, me semble-t-il, il suffit de créer sa propre milice ou rébellion et on s’auto-grade comme on le veut tout en ignorant le slogan stipulant qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! Dans les rangs du CNDP, le « Terminator » Bosco NTAGANDA entra en dissidence contre son Chef, le Général Laurent NKUNDA. Une source militaire affirme qu’il a joué un grand rôle dans la neutralisation de ce dernier aujourd’hui en résidence surveillée au Rwanda et dont le procès dans les instances judiciaires rwandaises à fait preuve de haute diplomatie internationale et/ou de parodie de justice, selon certains observateurs tant nationaux qu’internationaux.
Selon la presse congolaise, après avoir installé son autorité dans le Nord-Kivu et parmi ses troupes, le Général Bosco NTAGANDA – en collaboration avec certains des officiers locaux et/ou régionaux- s’est occupé du business des matières premières congolaises dans la région. Ce que le Président Joseph KABILA a qualifié dans un récent discours d’«officiers affairistes». C’est peut- être, ce business illégal que les autorités congolaises ont décidé d’isoler sur la scène internationale et de laisser le Général Bosco NTAGANDA à la merci de la CPI. Néanmoins, le Général n’est pas dingue. Il a fait défection de l’armée loyaliste pour rejoindre ses anciennes forces du CNPD à l’Est du Congo qui avaient refusé de fusionner avec les FARDC. Serait-ce une erreur politique pour les autorités congolaises qui connaissaient bel et bien les forces de frappe du « Général Terminator » sans ignorer les conséquences de la mise en œuvre du mandat de la CPI ? Personne n’en doute.
L’une des conséquences est la naissance du M23 et la reprise des hostilités à l’Est de la RDC. Dirigé par un Colonel SULTANI MAKENGA, proche de Bosco NTAGANDA pour permettre à ce dernier (coincé et contraint par le mandat d’arrêt de la CPI/TPI) de se retirer du devant de la scène médiatique et militaire. La pression autour de son arrestation et de son transfert à la Cour Pénale Internationale s’accentue plus que jamais, mais il est visiblement un homme fort du M23, prêt à mourir armes à la main plutôt que de se rendre aux autorités de Kinshasa ou de la CPI, dixit sous l’anonymat un ancien du CNDP. 

**CE QUE L’ONU, LA CPI, LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ET LES ORGANISATIONS HUMANITAIRES IGNORENT OU NE VEULENT PAS SAVOIR DE CES CONFLITS**
Ceux qui ne connaissent pas suffisamment la Région des Grands Lacs, peuvent croire que le dossier du Général Bosco NTAGANDA et de son M23 est une affaire simple et que son arrestation et son transfert à la CPI pourra résoudre en définitive le problème de l’insécurité régionale. Loin de là et la preuve n’est pas loin. Son Co-fondateur du CNDP, le Général NKUNDA fut arrêté par le Rwanda, son armée fut réintégrée sans quitter ses bases militaires, l’opération militaire UMOJA WETU fut menée conjointement contre les FDLR par les FARDC et les RDF, se termina en beauté selon la version officielle rwando-congolaise ! Mais ce qui est étonnant aux yeux de la population locale, c’est qu’on revient encore à la case de départ comme si rien n’a été fait. Mais pourquoi ?
Le phénomène de la présence des militaires rwandais ou rwandophones dans les forces armées des pays limitrophes n’est pas le fait du hasard. Comme ci-haut cité, la fameuse Conférence de Berlin en Allemagne de 1884 -1885 qui divisa les pays africains en colonies des pays européens est en grande partie responsable de ce phénomène. Le Rwanda (comme la plupart d’autres pays africains) fut privé d’une grande partie de son territoire et de sa population au profit des pays limitrophes surtout l’Ouganda et la RDC. En conséquence, les frontières tracées ont eu comme répercussion la séparation des familles entières, ce qui n’a pas empêché les relations sans tenir compte de ces frontières. Ceci a également contribué à l’intégration sociale de refugiés rwandais et à des mouvements migratoires des populations d’un pays vers un autre durant ces cinquante années écoulées après la période des indépendances.
Le problème pour le moment n’est pas seulement la mise en cause de la langue «  Kinyarwanda » parlée par ces populations au- delà des frontières rwandaises, mais aussi et surtout leur nationalité redoutée ou non octroyée par les pays de résidence comme la RDC. Certains sont considérés comme des rwandais malgré leur nationalité dans les pays où ils résident. Le Rwanda acceptera-t-il que ces populations rwandophones surtout à l’Est de la RDC soient en proie de guerres ou victimes de génocide à petit feu dont elles font objet depuis 1996 ? La réponse sera négative.
La solution est très simple. Si les pays qui hébergent ces populations rwandophones ne les acceptent pas comme leurs peuples et les considèrent en tant que rwandais, qu’ils remettent ces populations rwandophones au Rwanda avec les territoires qu’elles habitent d’après les anciennes frontières. Cette option présentent des inconvénients parce que ça fait déjà plus de 125 ans que ce problème existe et le retour aux anciennes frontières est quasiment impossible. L’autre solution envisageable est la création d’un Etat indépendant dans les deux territoires du Kivu à l’Est de Congo, ce qui pourra également faire craindre la session des autres Etats indépendants en RDC.
Si les pays de la sous-région ne parviennent pas à cohabiter pacifiquement et protéger leurs populations des guerres et catastrophes humanitaires, la meilleure solution serait l’intégration régionale effective et/ou la création d’un Etat uni d’Afrique centrale à la lumière des Etats Unis d’Amérique. L’union fait la force car l’intégration de la RDC dans la Communauté des Pays de l’Afrique de l’Est peut être une des voies de sorties des guerres intarissables dans la sous région. Le renforcement des Organisations régionales existantes telles la CEPGL (Communauté Economique des Pays de Grands Lacs) et EAC (East African Community) nécessite une attention particulière des autorités locales d’aujourd’hui et de demain pour en finir avec les guerres et les crises humanitaires répétitives, dans ce contexte d’intégration régionale. Ceci pourra également constituer un pariatif au méfait de la mondialisation qui fait déjà son apparition dans les pays en développement.
**LES CAUSES LOINTAINES ET PROCHES DE L’INSECURITE REGIONALE**

Parmi les **causes lointaines** de l’insécurité régionale, on pourra citer également les conséquences de la colonisation et du néo-colonialisme, les divisions ethniques et régionales, le christianisme, la dictature des dirigeants d’après la période des indépendances, la pauvreté et l’ignorance.
Parmi **les causes proches** on souligne la présence locale de différentes forces rebelles dont certaines ont vu le jour juste après les indépendances ou après les guerres nationales récentes (les FDLR, Mai-Mai, Lord Resistance Army, M23), la divergence d’intérêts nationaux et régionaux, la crise locale de leadership, la démocratie malade, l’ignorance et la pauvreté galopante, le néo-colonialisme, l’impérialisme, la mondialisation etc.… Comme vous le constatez, certaines causes ne datent pas de nos jours, elles durent et perdurent. Jusqu’à quand ? Dieu seul le sait.
Nous avons dit au début que nous ne voulons pas entrer dans les détails pour justifier notre argumentation (car nous pensons y revenir dans nos analyses ultérieures), mais voyons au moins un seul point qui montre comment la divergence d’intérêts nationaux et/ou régionaux constitue un facteur d’insécurité et de conflits tant internes qu’externes. Prenons l’exemple de l’objet de notre article, les rapports rwando-congolais dans le conflit interne déclenché par le M23. Bien que cette guerre qui se déroule sur le territoire congolais a déjà produit des mouvements des refugiés internes et externes (au Rwanda, plus de 65.000 têtes, et en Ouganda), le Gouvernement de la RDC, soit par manque de patriotisme, soit par l’incapacité de son armée, soit par le manque de volonté politique ou le leadership en panne, tente d’internationaliser dès le début ce conflit en impliquant le Rwanda sans preuves suffisantes, par le simple fait que parmi les Mutins, on y trouve les rwandophones et que le Chef soit aussi rwandophone. Et pourtant, le Gouvernement congolais, par le biais de son Ambassadeur à l’ONU, Mr Raymond TSHIBANDA N’TUNGAMULONGO dans la lettre accusant le Rwanda adressée au Président du Conseil de Sécurité Mr LI BAODONG affirmait que la mutinerie est composée de trois unités des FARDC, parmi elles, les rwandais comme si ces unités représentaient les RFD au sein de l’armée congolaise. C’est rigolo en quelque sorte !
Qu’un pays comme la RDC avec ses 2.344.856 Km2 et une population de plus de 60 millions, plus de 89 fois le Rwanda, s’attaque toujours au Rwanda dans ses problèmes internes, c’est aussi ridicule et déshonorant pour le peuple congolais. A part les discours belliqueux de certains de nos dirigeants ou en provenance des milieux médiatiques, le peuple rwandais et le peuple congolais ont beaucoup de bonnes choses en commun qui les rassemblent plutôt que les points de divergence qui pourraient semer la haine et la zizanie entre eux. Ce n’est pas la richesse du sous-sol congolais que les rwandais pourraient convoiter comme le font croire à l’opinion internationale certains médias congolais. Les rwandais pauvres en tant que refugiés en RDC ont vécu dans les années 1994-2000 et bien même plus avant cette période à côte des pauvres congolais qui n’ont jamais vu ni l’or, ni le diamant, ni l’uranium, ni le pétrole ou autres matières premières de leur pays.
Les congolais savent très bien à qui profitent réellement les richesses ; personne ne serait étonné qu’il y ait quelques rwandais puisque proches de la RDC. Si le Congo était paisible et bien gouverné, le Rwanda et les rwandais, comme les autres pays de la sous-région seraient les premiers à profiter de sa stabilité socio-économique et politique par les échanges commerciaux, ou dans les domaines comme le transport et les infrastructures, l’éducation, la santé, l’agriculture et l’élevage, l’énergie, l’emploi, le tourisme, etc. A bon entendeur, salut!

**EN CONCLUSION**

Les problèmes de l’insécurité grandissante à l’Est de la RDC ne sont pas l’affaire de la seule RDC. Cette dernière n’est pas capable de les résoudre seule à cause des multiples problèmes internes, non seulement dans son armée non professionnelle mais aussi au niveau de ses trois pouvoirs (l’exécutif, le législatif et le judiciaire).
L’ONU y a envoyé un contingent militaire, environs 20.000 casques bleus sous l’appellation de la MONUSCO
pour faire régner la paix et protéger les populations civiles. Sa présence ne se sent pas du tout car la question sécuritaire dans la sous-région en général, et en RDC, en particulier, est très vielle et très complexe. Pour que la paix et la sécurité puissent être rétablies, les plus concernés sont d’abord les pays de la sous région, les forces rebelles, les pays voisins, l’ONU, les ONG humanitaires, la société civile, les multinationales, les médias et les individus influents ou affairistes. Ainsi donc, pour terminer cet article nous suggérons les modestes propositions suivantes :

**A l’endroit de la RDC**

Assumer ses responsabilités internes et externes en tant qu’Etat indépendant, en protégeant ses frontières et populations mais aussi en améliorant sa politique de bon voisinage, sa gouvernance et sa gestion des biens publics ;
Protéger et intégrer les populations rwandophones de l’Est, et dans le pays contre les forces négatives internes ou loyalistes mal intentionnées ;
Privilégier la voie diplomatique et de négociation pour la résolution pacifique de ses conflits internes et externes.

**A l’endroit du Rwanda**

Aider la RDC à protéger les populations rwandophones congolaises contre les forces négatives dont les FDLR et améliorer ses relations de bons voisinage avec ses voisins surtout la RDC;
Aider la RDC au rapatriement volontaire et à l’insertion des refugiés congolais se trouvant au Rwanda ;
Plaider pour la réintégration de la RDC au sein de la Communauté des Pays de l’Afrique de l’Est pour la faire sortir de l’isolement sur le corridor de l’Est.

**A l’endroit de l’Ouganda, du Burundi, de la Tanzanie et autres pays limitrophes avec le Congo**

Collaborer avec la RDC, le Rwanda et la MONUSCO pour traquer et neutraliser les forces négatives opérant sur le territoire congolais ;
Faire l’embargo sur la vente, la fourniture et le cheminement des armes en destination des mouvements rebelles de la sous-région ;
Aider le Rwanda et la RDC à trouver une solution pacifique et définitive sur la problématique des forces rebelles et des congolais rwandophones dans la sous région.

**A l’ONU/MONUSCO et les Pays Membres du G 20**

Réviser la mission de la MONUSCO afin que celle-ci puisse défendre et protéger efficacement les populations civiles coincées entre les forces belligérantes à l’Est de la RDC ;
User de leur influence et pression sur les parties belligérantes pour faire taire les armes et éviter toute livraison des armes destinées aux mouvements rebelles ;
Ne pas acheter les matières premières de la RDC en provenance des mouvements rebelles et surtout éviter toute divergence sur base d’intérêts politiques et économiques dans la résolution pacifique des conflits régionaux plus particulièrement ceux de l’Est de la RDC.

**A l’endroit de la société civile et des médias**

Assister matériellement et moralement les populations déplacées par les combats et mener des campagnes de sensibilisation et d’éducation à la paix et faire des lobbies et plaidoyers pour trouver une issue pacifique à cette nouvelle guerre ;
Les médias tant locaux, régionaux qu’internationaux doivent éviter les propos incendiaires, les messages véhiculant la haine surtout ethnique et faire preuve de professionnalisme en évitant toute prise de partie et d’agir sous l’influence des hommes politico-militaires ;
Les médias doivent s’abstenir de faire l’apologie de louanges des mouvements rebelles et au besoin leur imposer un embargo médiatique.

Par NSENGIYUMVA Patrice
Correspondant de Pressenza International
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