Le lancement la semaine dernière d’une opération coup de poing conte les médicaments de la rue a permis aux autorités camerounaises et aux professionnels de la santé de mettre le doigt là où ça fait le plus mal pour préserver la santé des populations. Comme butin, des tonnes de médicaments saisis et brûlés par les autorités camerounaises.
Les vendeurs de médicaments dans la rue ont passé de très mauvais moments la semaine dernière à la suite d’une descente musclée des éléments des forces de l’ordre et des représentants des pharmaciens dans les marchés du pays. Tous les magasins susceptibles de servir de cachettes à ces vendeurs clandestins ont été passés au scanner. Cette opération est la concrétisation d’une des résolutions prises par les professionnels du secteur du médicament. En effet, lors de la dernière assemblée générale du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens du Cameroun (CNOPC) tenue le 4 mai 2012 à Limbé, les professionnels du secteur des médicaments, de concert avec le gouvernement ont décidé de mener une guerre sans merci contre la vente illicite de médicaments. Entre autre, les pharmaciens ont demandé au gouvernement de veiller à la mise sur pied d’une structure de lutte contre ce fléau afin de péréniser cette action. Ces doléances étaient également adressées au pays frontaliers dont certains étaient représentés à ces travaux.
Le CNOPC est une structure du secteur du médicament qui permet aux professionnels du secteur de contrôler non seulement l’accès à la profession, mais aussi le respect de l’éthique et la déontologie. Or le commerce du médicament au Cameroun est très fleurissant mais mal structuré. Légalement, l’importation du médicament se fait par le biais des structures sanitaires agréées, publiques et privées. Au fil des ans, on a assisté au développement du commerce du médicament à la portée de tous dans les rues. Mais, ravitaillés par des importateurs privés clandestins qui se sont glissés dans la chaîne de distribution, ce commerce est tres sollicité. Face au laxisme des pouvoirs publiques, ces vendeurs clandestins se sont implantés jusque dans les profondeurs du secteur et parviennent même à approvisionner certains centres hospitaliers en médicaments.
Les chiffres révèlent que le marché informel du médicament représente environ 25% des médicaments consommés au Cameroun. Ces produits qui sont pour la plupart conservés dans des conditions défavorables perdent toute teneur active. La grande partie de la population vivant sous le seuil de la pauvreté considèrent ces produits comme un don du ciel. Les prix régulièrement bas sont à la portée de leurs bourses.
Comme la plupart des pays africains, le Cameroun a subi les affres de la récession économique des années 90, ce qui a permis à de nombreux trafiquants de s’introduire dans les réseaux de distribution sur le territoire national. C’est ainsi que le secteur du médicament est tombé dans leurs mains. Depuis des décennies, des millions de camerounais achètent des médicaments dans les coins de rues, sur les étales des marchés et aux ambulants.