Depuis sa création, le Boko Haram combat activement les forces armées nigérianes à travers des séries de violences à l’encontre des civils et des institutions étatiques. Les chrétiens et la population musulmane des régions où ils se sont implantés sont les plus frappées.
Prônant activement un islam radical, l’idéologie du mouvement qui s’inspire profondément des Talibans d’Afghanistan rejette la démocratie et veut instaurer la charia dans les États de la partie nord du pays. Ce groupe procède par des attaques sur des établissements gouvernementaux dans l’ensemble des 19 États du nord à majorité musulmane et dans la capitale Abuja non sans poser des bombes dans les services gouvernementaux et les quartiers résidentiels. Le meurtre de son fondateur Mohammed Yusuf en 2009, alors qu’il était en garde à vue est à l’origine de l’intensification des actions de ce groupe. De nombreux attentats suicides ont été ainsi orchestrés et revendiqués par ce groupe sur le territoire nigérian. L’alerte maximale sur leurs activités a été lancée en 2011 quand ce groupe avait pris pour cible les bureaux des Nations unies dans la capitale Abuja.
On se rappelle que le deux janvier dernier, ce groupe islamiste avait fixé un ultimatum de trois jours aux chrétiens vivant dans le Nord majoritairement musulman du Nigeria pour partir et menacé de combattre les troupes gouvernementales dans des zones où l’état d’urgence a été décrété. La complexité de ses opérations a soulevé de nombreuses questions notamment celle de l’existence de liens avec des mouvements terroristes extérieurs. Or, ce groupe avait déjà en son temps revendiqué des affiliations, et des programmes d’entrainement conjoints avec des groupes au Yémen, en Somalie, et avec Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).
Dimanche dernier, ce groupe a revendiqué les attaques perpétrées contre trois églises dans le Nord du Nigeria, Kaduna et Zaria. Ces attaques qui ont fait 52 morts ont provoqué le courroux des chrétiens qui estiment que la guerre est désormais ouverte entre eux et les islamistes. C’est d’ailleurs par la voix de l’Association chrétienne du Nigeria, principale organisation chrétienne du pays que cette déclaration a été faite. Ce rebondissement risque d’envenimer la situation car depuis le début des attentats, les autorités nigérianes ont toujours redouté l’ouverture d’une guerre entre les deux principaux courants religieux du pays. Depuis dimanche dernier, on n’est plus qu’ à un doigt.
Au demeurant, ces terroristes sont une fabrication nigériane : En effet, la pauvreté qui sévit dans le Nord du pays a aliéné davantage ces populations et les rend vulnérables. Favorisant ainsi une infiltration du groupe au sein des populations, qui y recrutent des jeunes pour des opérations suicide. Au lieu de mener un combat acharné contre ces ennemis invisibles, le gouvernement nigérian gagnerait plutôt à offrir une réponse aux besoins des communautés de plus en plus isolées dans ces régions septentrionales, sinon toutes les formes d’extrémisme continueront à prospérer.
Le président nigérian, Goodluck Jonathan, se trouve ainsi sous une pression de plus en plus forte. Sa proposition de dialogue initié il y a quelques mois a été purement et simplement rejetée par un porte-parole du groupe.