La Société américaine de psychiatrie (APP) juge que la pensée provocatrice est un trouble mental ; une considération bien pratique pour garder une société de personnes (ou d’automates) au plus près de la normalité. Avoir une pensée qui diffère des courants qui dominent la société, ce que l’on qualifie de « libre pensée », est une maladie mentale, d’après la neuvième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publié par la Société américaine de psychiatrie. Ce manuel recense une nouvelle maladie, qu’il dénomme « trouble oppositionnel avec provocation » (TOP), et qu’il qualifie d’ « ensemble récurrent de comportements désobéissants, hostiles et provocateurs » ; parmi les symptômes listés figurent la remise en question de l’autorité, une attitude provocatrice ou encore une tendance à se disputer ou à se vexer facilement.
Les médecins ont recours à ce manuel pour diagnostiquer des maladies mentales, et le nombre de ces maladies augmente considérablement à chaque nouvelle édition, ce qui nous amène à nous demander si nous nous aliénons mentalement de plus en plus ou s’il est de plus en plus difficile d’être sain d’esprit. Les médecins affirment que ce phénomène est dû au fait qu’actuellement, il est possible d’identifier ces troubles plus facilement, ce qui veut donc dire que l’on peut mettre sous traitement ou faire interner un plus grand nombre de personnes dans des institutions psychiatriques.
Récemment, le manuel a fait passer au rang de maladie l’arrogance, le narcissisme, la créativité au-delà de la moyenne, le cynisme et les comportements antisociaux. Autrefois considérés comme des traits de personnalité, ce sont aujourd’hui des maladies que l’on peut soigner.
Au cours des 50 dernières années, ce manuel recensant les troubles mentaux est passé de 130 à 357 pages. Par ailleurs, la majorité des troubles qui y figurent concernent les enfants, qui se voient par conséquent administrer de fortes doses de médicaments. On a avancé que si Mozart était né aujourd’hui, on aurait diagnostiqué qu’il souffrait d’un trouble de déficit de l’attention et on l’aurait mis sous traitement jusqu’à ce qu’il revienne à un état normal, gâchant ainsi son génie naturel. Combien d’enfants brillants, dotés d’une sensibilité différente, ont été réduit à la normalité ?
Cette nouvelle maladie, qui considère que la pensée critique est un trouble mental, peut même être utilisée à des fins politiques : un moyen de dicter ce qu’il est correct de penser au sein d’une société automatisée et d’empêcher la formation et la diffusion d’idées non conformes aux valeurs de la société.
Article d’origine : www.offthegridnews.com
Auteur: Andrew Tiré de www.seremosmas.cl
Traduction : Pauline Aschard