Pressenza Agence de Presse Internationale Washington, 2/24/12
Feingold écrit: « Le Président a tort de se rapprocher de la politique d’entreprise corrompue de Citizens United par l’usage de super PACs (Political Action Committee), organisations qui récoltent des montants illimités de sociétés et d’individus les plus riches, quelquefois dans le secret total. Ce n’est pas seulement de la mauvaise politique; c’est aussi une stratégie idiote » ajoutant : » c’est danser avec le diable. »
En 1905, le Président Théodore Roosevelt déclarait au Congrès : « Toute contribution de société à un comité politique ou dans un but politique devrait être défendue par la loi. » Dès 1907, il signait un projet de loi interdisant de telles contributions. En 2012, l’histoire centenaire du contrôle du financement de la campagne est morte, grâce à cinq juges de la Cour suprême qui ont décidé, lors du procès Citizen United en 2010, que les sociétés peuvent utiliser leur argent en vertu de leur liberté d’expression, plus particulièrement dans leurs efforts pour influencer des élections fédérales.
Après 18 ans de représentation du Wisconsin au Sénat des Etats-Unis, Feingold a perdu son titre au profit d’un multimillionnaire Républicain financièrement autonome et favori des « tea parties » : Ron Johnson. Depuis lors, Feingold a enseigné le droit, fondé Progressives United et soutenu l’effort pour réélire le candidat gouverneur du Wisconsin Scott Walker, refusant résolument de se présenter contre lui ou de se porter candidat pour le siège du sénat libéré par la retraite du démocrate Herbe Kohl.
Feingold était le seul membre du Sénat américain à voter contre l’USA Patriot Act (loi anti-terroriste de 2001). Il a violemment critiqué le programme de la mise sur écoute téléphonique sans mandat de l’administration Bush. Bien qu’Obama, en tant que sénateur, ait menacé à l’origine de faire obstruction à toute législation qui accorderait l’immunité rétroactive aux sociétés de télécommunication impliquées dans la mise sur écoute téléphonique, il a fait volte-face à la veille de la Convention Démocratique en 2008 et a voté pour le projet de loi. Feingold est resté inflexiblement opposé. A propos de la guerre en Afghanistan, Feingold m’a dit: « J’étais le premier sénateur à demander un agenda pour nous retirer d’Afghanistan. Même avant qu’Obama ait été élu, lorsque la bataille l’opposait à [John] McCain, j’ai dit, ‘Pourquoi parlons-nous d’un renfort ? Envoyer nos troupes là-bas, dépenser des milliards et des milliards de dollars en Afghanistan n’a aucun sens. Et je pense que c’était une erreur du président d’envoyer des renforts et il me semble qu’il commence à se rendre compte que nous avons besoin de sortir de là. »
Feingold s’est opposé au projet d’Obama de réformer Wall Street, trop faible à son avis, a soutenu les gardes des Sceaux de l’Etat, comme Eric Schneiderman de New York et un autre des nouveaux co-présidents de la campagne, Kamala Harris de Californie qui, d’abord, se sont opposé au règlement proposé avec les cinq plus grandes banques sur les allégations de fraude à l’hypothèque et de signature « automatique ». La réaction de Feingold au règlement de $25 milliards par la Maison Blanche ? « Nous étions parmi les quelques-uns qui ont refusé de faire une petite danse après cette nouvelle… à chaque fois qu’il s’agit de Wall Street, d’une façon ou d’une autre il y a toujours une épave là-dedans. »
Comme j’interrogeais Feingold à peine quelques heures après sa nomination comme l’un des 35 co-présidents de campagne d’Obama, je lui ai demandé s’il représentait un choix bizarre pour ce poste. Feingold a répondu: » Mais voyons, n’oublions pas que je suis un co-président fier du président qui, pour la première fois en 70 ans, s’est occupé des soins de santé! Un co-président qui pense que le président a réellement apporté de bonnes choses au point de vue économique ! et nous avons eu 22 mois de croissance positive de l’emploi ! Je suis un co-président de celui qui, à l’étranger, jouit de la meilleure réputation de tous les présidents passés, qui a réparé les affreux dégâts de l’administration Bush ! qui, depuis le Caire, l’Inde et l’Indonésie a touché le reste du monde ? Croyez-moi, en définitive, la question ne se pose pas. Et finalement, un co-président de celui qui, je le crois, nous aidera à nommer des juges qui renverseront Citizens United ? »
En attendant, comme la campagne d’Obama « danse avec le diable » des super PACs, espérons que le co-président de la campagne Russ Feingold nous aidera à suivre la trace de l’argent.
Denis Moynihan a contribué à cette colonne pour la recherche.
Journaliste enquêteur primé et chroniqueur syndiqué, auteur et producteur exécutif de Democracy Now.