La Cour suprême militaire a rendu
son verdict le 14 décembre 2011, précédant l’audience initialement
prévue le 15 décembre, et profitant ainsi du contexte des élections
pour réduire la couverture médiatique de sa décision. Le blogueur doit
également payer des frais d’avocats à hauteur de 300 livres
égyptiennes (50 dollars). Les chefs d’accusation exacts n’ont pas été
communiqués par le tribunal qui invoque des délais administratifs.
“Nous sommes révoltés par cette condamnation, et outrés par la lâcheté
du tribunal militaire. La Cour a profité du contexte électoral pour
condamner subrepticement le blogueur. Le comble : Maikel Nabil Sanad
devra payer des frais d’avocats, alors que ces derniers n’ont
absolument pas assuré la défense de l’accusé au cours de ce procès
inéquitable et politique. Nous exhortons les autorités à annuler ce
verdict et à libérer Maikel Nabil Sanad dans les plus brefs délais,
alors que son état de santé se dégrade chaque jour davantage”, a
déclaré Reporters sans frontières.
Le blogueur, âgé de 26 ans, est en prison depuis son arrestation, le
28 mars 2011, suite à la publication d’un article sur son blog
intitulé “Le peuple et l’armée n’ont jamais été une seule main”. Il
est en grève de la faim depuis plus de cent jours. La semaine
dernière, il avait refusé de présenter des excuses publiques à
l’armée.
Selon Mark Nabil, frère du blogueur, avec lequel Reporters sans
frontières a pu s’entretenir aujourd’hui par téléphone, Maikel Nabil
Sanad ne fera pas appel car “il conteste la légitimité du tribunal
militaire”. Il a déclaré à Reporters sans frontières qu’il comptait
saisir la justice internationale sur le cas de son frère. Il a fait
part de sa très grande inquiétude au sujet de l’état de santé de
Maikel. “Notre famille considérera le Conseil suprême des forces
armées comme responsable s’il devait lui arriver quoi que ce soit en
détention”, a-t-il poursuivi.
Premier prisonnier de conscience depuis la chute du régime d’Hosni
Moubarak, le cas de Maikel Nabil Sanad est emblématique de la
situation post-révolutionnaire, où les autorités perpétuent la
répression sévère à l’égard des blogueurs et journalistes.
Intouchable, l’armée pratique toujours les mêmes méthodes de censure
et d’intimidation que sous l’ère Moubarak.
Un site de soutien à Maikel Nabil Sanad est accessible en ligne, ainsi
qu’ungroupe Facebook, et une pétition. Vous pouvez également relayer
le hashtag#FreeMaikel et suivre @freemaikel sur Twitter.
Reporters sans frontières a publié, le 1er décembre 2011, un rapport
intitulé« Révoltes arabes : les médias, témoins clés et enjeux du
pouvoir », dans lequel elle analyse les méthodes utilisées par les
autorités pour empêcher la circulation de l’information au cours de
six soulèvements populaires du 17 décembre 2010 à la mi-novembre 2011.
Un chapitre est consacré à l’Egypte.