« Hibakusha » est le nom donné aux survivants des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki des 06 et 09 août 1945. A côté de la stèle en mémoire des victimes, d’autres plus petites, rappellent tous les essais nucléaires réalisés sur notre planète. Les accidents, comme notamment ceux des centrales de Fukushima (2011), Tchernobyl (1986), ou Three Mile Island (1979) s’ajoutent aussi aux émissions radioactives faisant de nous tous des Hibakusha.
La course à l’armement nucléaire n’a jamais été aussi « florissante ». Parjurant souvent leur signature du traité de non prolifération (TNP), de plus en plus de pays possèdent l’arme nucléaire, la développent, ou l’abritent sur leur territoire. Les tensions économiques et politiques actuelles, ainsi que l’interventionnisme agressif de plus en plus fréquent des organisations comme l’ONU ou l’OTAN (Côte d’Ivoire, Lybie, Afghanistan, Irak, …) décuplent le risque d’une agression nucléaire.
Le docteur Philippe de Salle de l’AMPGN (Association de Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire) a présenté les aspects médicaux observés lors de dysfonctionnements nucléaires (civil et militaire). Si les effets immédiats sont très différents entre un bombardement et un accident dans une centrale civile, les conséquences à long terme sont similaires dans les deux cas, provoquant de nombreux cancers, leucémies et mutations génétiques pouvant affecter les générations futures.
Le docteur Henry Firquet, également membre de l’AMPGN, a ensuite dénoncé la «bonne» santé des budgets militaires même dans le contexte actuel de crise économique. L’énergie atomique et les dépenses militaires représentent 43% du budget fédéral des USA. En Grèce, le budget de la défense représente chaque année environ 1000 $ par habitant et ne devrait pas subir de restriction.
Georges Spriet de l’association « Vrede » a ensuite parlé de l’évolution de la politique de l’OTAN. Lors de son sommet à Lisbonne, l’OTAN a confirmé son statut d’organisation nucléaire. Les bombes américaines casernées dans les pays comme la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie sont actuellement obsolètes. Le rayon d’action des avions F16 devant les transporter ne dépasse en effet pas l’Europe de l’Est dont la plupart des pays sont aujourd’hui également membres de l’OTAN. Le démantèlement de ces armes nucléaires était même envisagé. Mais bien au contraire, le projet actuel de l’OTAN est la modernisation de ces bombes et le remplacement des avions F16 par d’autres avec un rayon d’action plus important.
L’Allemagne a fait un pas symbolique vers le désarmement nucléaire en remplaçant ses avions par un modèle européen, l’ Eurofighter, non équipé pour le transport d’armes nucléaires. L’Italie et les Pays-Bas se sont eux tournés vers le modèle américain, le F35 (livraisons prévues respectivement en 2014 et 2016), capable de transporter les bombes nucléaires entreposées sur leur sol. Dans le cas de la Hollande, l’investissement initial devrait être de 5,5 milliards d’euros. La Belgique devra également remplacer ses F16, mais n’a pas encore fait son choix.
Une autre priorité de l’OTAN est le bouclier anti-missile. Mr Spriet a mis en lumière que celui-ci est bien plus un bouclier pour empêcher une riposte des victimes d’une première attaque venant de l’OTAN qu’un bouclier purement défensif.
Le professeur Wautelet de l’université de Mons a terminé la journée par un cours sur le « terrorisme nucléaire », et sur la probabilité d’une attaque nucléaire par un groupe terroriste. Le risque d’une bombe nucléaire terroriste est le moins probable au vu des moyens humains, techniques et financiers à mettre en œuvre. Le risque le plus grand dans ce domaine serait une attaque contre une installation nucléaire civile. La plupart des centrales nucléaires civiles peuvent résister à la chute d’un avion de chasse, mais pas à celle d’un gros porteur, chargé de 1000 T de kérosène. Les attentats du 11 septembre 2001 ont donc radicalement changé l’image sécuritaire des centrales nucléaires civiles.
Il n’en reste pas moins vrai que le risque le plus grand, pour la plupart des participants à cette journée d’échanges, reste le terrorisme d’état.