Le Tourisme Vert, ce sont 200 millions d’emplois directs et indirects, plus de quatre millions de dollars de recette par an à travers le monde. Au Cameroun, certaines populations ne se sont pas fait prier pour se lancer sur ce chemin. Elles ont vite fait de se rendre compte que la richesse écologique de certains sites sur leurs terroirs était une chance pour le tourisme dans leurs régions. L’initiative de Baham dans la région des Hauts plateaux a été un succès. Et depuis lors, d’autre régions se sont inspirées de cet exemple et essaient de valoriser des sites et de les ouvrir au tourisme.
Le développement du tourisme n’est plus impulsé d’en haut par l’Etat. Les populations locales sont de plus en plus impliquées dans ce processus à travers leurs efforts qui consistent à protéger les zones aux vestiges naturels exceptionnels situés sur leurs territoires. Cette démarche s’inscrit en droite ligne dans la politique nationale et internationale de protection de la nature qui veut que les populations locales participent en tenant compte de leurs intérêts. L’Etat s’étant limité à développer des programmes touristiques autour de quelques réserves naturelles aménagées n’a pas pu répondre aux besoins des populations de l’arrière pays qui sont dotées d’un potentiel naturel riche et diversifié.
En 1975, l’Union mondiale pour la nature(UICN) a adopté une résolution qui reconnaissait la valeur et l’importance des modes de vie traditionnels des populations locales et du savoir-faire qui leur permettent de vivre en harmonie avec leur environnement. De façon plus concrète, cette décision recommandait aux Etats de maintenir et d’encourager ces méthodes traditionnelles et d’imaginer les moyens par lesquels les populations locales pourraient faire de leurs terres des zones protégées sans renoncer pour autant à leurs droits de propriété et fonciers.
Plus de trois décennies après, l’écotourisme éclot au Cameroun. Plusieurs villages du pays engrangent aujourd’hui des revenus importants grâce aux sites naturels qu’ils ont protégés et valorisés sur leurs terres. Les grottes, les chutes d’eau, des lacs de montagne, des forêts et même des pratiques issues des us et coutumes sont vendus à prix d’or sur le marché du tourisme. Généralement organisées en association ou en comité de développement, les populations dans un premier temps cherchent un partenaire sérieux qui ne brade pas leur patrimoine et lui confient la charge de commercialiser l’image de leur potentiel en évitant toute récupération extérieure. « L’écotourisme est aujourd’hui devenu une grosse affaire. Non seulement il permet aux populations de se réconcilier avec leur milieu naturel mais aussi il leur permet d’engranger beaucoup d’argent » affirme un conservationiste à Ebolowa. « Nous savons qu’il y a beaucoup d’argent à tirer du tourisme si on est organisé. Nous n’avons pas besoin d’attendre que le ministère du tourisme vienne valoriser un site naturel chez nous. Nous voulons tirer du profit de cette activité » affirme un villageois.
Toutefois, les projets d’écotourisme ne se sont pas développés sans grosse difficulté. : En effet, les initiatives de gestion en commun dans ce domaine se sont pour la plus part avérées très difficiles à mettre en œuvre tout simplement parce qu’elles doivent constituer un pont au dessus de nombreuses divergences locales et de conflits de leadership entre les membres de la communauté. La majorité des projets d’auto-gestion dans le secteur n’en ont en fait que le nom. Le manque de formation, le manque de pouvoir politique et de ressources financières des communautés locales font le plus souvent d’elles des partenaires minoritaires dans les prises de décisions.
Pour que la nature et les populations profitent durablement de ces initiatives, les principes de protection et de promotions doivent être de mise. Le prochain défi sera de s’adapter à l’évolution de la situation, notamment en faisant reconnaître certains sites par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)
François Tekam