Ce samedi, le bourgemestre d’Ixelles refusait l’autorisation de rassemblement sur la Place Flagey et donnait l’ordre à la police d’intervenir avec la force.
Comme le décrit si bien l’un des participants :
« Quelques considérations commerciales, seule expression autorisée sur l’espace public, nous ont mis devant le fait d’une intervention policière menée sans dialogue. Nous continuerons les Assemblées Populaires, espace d’expression politique, ainsi que toutes les activités en cours, décidées par l’Assemblées Populaire. »
Nombreuses étaient les personnes proposant le dialogue au lieu de la confrontation, conscientes de leur bon droit, interpellant directement les policiers, de cœur à cœur, leur rappelant qu’eux aussi sont des citoyens, les invitant à se donner le droit de se sentir, eux aussi, « indignés », victimes de la situation actuelle. « nous obéissons à notre chef » se justifient quelques-uns… «C’est dans la constitution » rappelle une jeune fille au ton posé et déterminé « lorsque le gouvernement agit à l’encontre des droits du peuple, celui-ci a le devoir d’en contester l’autorité ! »…
Comme à Madrid, Barcelone, Paris, Toulouse, Lyon, Liège, Namur et bien d’autres villes, à Bruxelles émergent des « Agora au cœur du désert urbain » à la recherche d’autogestion réelle, avec l’intelligence de la réflexion, du sens commun et du respect de chacun. Récupérer la démocratie puisque nos élus en sont incapables, tel semble être la lourde tâche qui nous est allouée, en tant que citoyens.
Les Assemblées ont lieu tous les soirs
« Quelque chose s’ouvre, un lieu où s’arrêter, frayer enfin avec n’importe qui, prendre le temps de l’important. Ca parle, ça réfléchit, ça chante, ça construit, ça rigole, ça s’aime et ça fait du bruit et ça se voit. Un joyeux vacarme. Oui, lorsque des être se ré-approprient leurs existences ça dérange, ça bouscule le cours arbitraire des choses. Ceux qui d’habitude si silencieux reprennent un peu partout, à Liège, à Gand, à Saint-Gilles, à Namur, la parole, ne la rendront jamais. Cette puissance nous revient dans l’impouvoir et la mutité, auprès de ceux qui n’ont pas encore pris la parole et que travaille le désir ardent de parler, parler encore jusqu’à n’en plus pouvoir. Trop longtemps notre silence a servi de cache-sexe à l’irresponsabilité des Gouvernants.
Nous savons que ça ne va pas, que ça ne peut plus continuer, nous savons que la destruction des formes de vie les plus fragiles est irréversible, nous savons que nous endommageons gravement les ressources desquelles nous dépendons et pas seulement nous, les « hommes ». Nous reprenons la place, la place étouffée, la place cachée, la place ignorée, là où l’on voulait nous faire croire qu’il n’y avait rien. Par extension, de pays en pays, de villes en villes, de places en places, le pouvoir est repris et rejeté là d’où il n’aurait jamais du partir, dans les liens qui unissent, avec les pierres et les animaux, avec la pluie et le vent, avec cette femme là qui passe au loin et me regarde, avec tous qui font aussi partie, avec la puissance anonyme du nombre que nous sommes. La vie n’est pas sans attachement, elle ne s’évacue pas, elle ne circule pas autrement que pour se lier et s’étendre.
Il est intolérable qu’un homme seul, aussi bourgemestre qu’il soit, puisse décider ce qui trouble la voie publique et par une simple décision détruire la fabrication précaire d’une politique. La démocratie réelle c’est le pouvoir à l’horizontale, c’est l’élaboration éthique et politique du refus de ne rien exclure. Soyons clairs, aussi douce que puisse être l’irruption du peuple sur les lieux de la confiscation, l’élite dirigeante ne se laissera pas mourir sans se battre. Cette hiérarchie de caste tombera comme tombent les feuilles mortes mais dans son agonie elle ne nous laissera aucun répit. Je crois que nous pouvons gagner cette révolution mais les chances sont minces. Nous ne pourrons pas nous permettre d’être quoi que ce soit d’autre qu’intelligents, bons stratèges et unis les uns avec les autres. »
A suivre donc et que VIVE une Belgique indignée !