Pressenza Londres, 8/25/10. On constate de plus en plus d’attaques contre les immigrants en Europe, mais cette fois, le cas est d’autant plus interpellant que les Gitans ou Roms, sont des citoyens originaires de Roumanie ou Bulgarie, c’est-à-dire, des pays membres de ce bloc.
Le président Sarkozy allègue que ces pays ne disposent pas du niveau économique ou des emplois suffisants, bien qu’ils soient dans l’Union européenne (et plus précisément les deux derniers pays à avoir intégré l’alliance), et que, par conséquent, ils doivent choisir entre une subvention « facultative » ou réintégrer les Balkans. L’Italie applaudit cette initiative souhaitant la voir s’étendre à d’autres secteurs de l’immigration.
M. Villepin (*), rival de Nicolas Sarkozy au sein de la droite française, soutient qu’il s’agit de mesures visant à obtenir des votes qui discréditent son parti. Le pape Benoît XVII a glissé quelques subtiles critiques à ce sujet. La frange catholique de la coalition au gouvernement n’exclut pas une possible scission des partisans du gouvernement, tandis que le niveau de soutien à M. Sarkozy au sein de la population catholique pratiquante (la moitié de la France) a baissé de plus de 60 %, à moins de 50 % des intentions de votes.
Le gouvernement quant à lui, réplique que pour combattre la délinquance, il faudrait éradiquer la plupart des Gitans nomades. Plusieurs prêtres ont répliqué que pour lutter contre le crime, il faut réduire la pauvreté et non les pauvres.
Les attaques contre les Gitans sont l’expression d’une politique qui a affecté des millions d’immigrants latino-américains et du tiers-monde dans la « Forteresse européenne ».
Il s’agit aussi d’une sonnette d’alarme dans une Europe qui, depuis 1945, essaie de rompre avec le passé nazi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a instauré l’holocauste au moyen de massacres et de chambres à gaz dans le but de faire disparaître près de 6 millions de Juifs dont 500 000 à 1 million de Gitans.
Au temps de l’Europe médiévale, si le peuple juif a choisi de s’installer dans les centres urbains, les Gitans, eux, ont toujours été un peuple nomade spécialisé dans les activités récréatives. Après la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ont créé l’État d’Israël après être parvenus à obtenir un consensus international empêchant tout type de persécution à leur égard.
En revanche, les Gitans n’ont pas d’État ou de représentation internationale puissante pour les défendre. En Europe, il est normal de voir des journaux faire la une avec des titres anti-gitans.
Dix des douze millions de la population gitane estimée dans le monde entier vit en Europe (la majorité dans l’UE), principalement dans les deux péninsules de l’extrême sud, (on compterait sur la péninsule ibérique et dans les Balkans jusqu’à 1,5 million d’entre eux), bien que certains soutiennent que 2 à 5 millions de Gitans se trouvent en Turquie.
En accusant les Gitans d’être des « voleurs » (tout comme les noirs dans certains pays), le gouvernement fait preuve d’une démagogie qui lui permet d’acquérir une certaine popularité mais qui endommage la cohésion sociale de tous les pays et permet que se développe, dans toutes les sociétés, le cancer social du racisme au prix des droits de l’Homme et de la démocratie.
*« C’est une politique honteuse. Une stratégie électorale. Cela ne contribuera en rien à la sécurité des Français ». « Son objectif est de mettre la pression entre la droite et la gauche et je proteste, car la droite française n’est pas comme ça », a ajouté Dominique de Villepin.