Pour Piedad Córdoba, « il faut que tout soit fait pour parvenir à une paix juste et durable ». Membre du Comité international de la Croix rouge et du Mouvement colombien pour la paix, deux fois séquestrée par les forces paramilitaires et candidate au Prix Nobel de la paix 2009, Piedad Córdoba veut « qu’on reconnaisse le sacrifice et la douleur de [son] pays ».
En Colombie, grâce aux confessions des chefs paramilitaires extradés à Washington « on sait que des fours crématoires sont utilisés et que des jeunes sont assassinés par des militaires qui les sortent de chez eux, les torturent et les tuent pour ensuite les habiller comme des guérilleros et vont toucher les 1 500 $ de récompense qu’on offre pour la mort de chacun. De plus, les militaires sont décorés ou promus pour cela ».
La sénatrice a ajouté : « Nous savons qu’il existe une directive du ministère de la Défense, digne du musée des horreurs, dans laquelle est fixé le montant des récompenses accordées aux militaires pour chaque meurtre ou chaque vol qu’ils commettent. »
« Mon pays est en guerre », a-t-elle affirmé de manière catégorique. La Colombie présente un tableau terrible d’un point de vue humain : 18 millions de pauvres, 8 millions d’indigents, 5 millions de déplacés locaux, 3,5 millions de réfugiés à cause de la guerre et de la pauvreté, plus de 200 000 personnes forcées de disparaître au cours des 15 dernières années…
Le « féminicide » colombien
Piedad Córdoba dénonce notamment le fait que « les femmes sont directement victimes de la violence. Les viols sont incessants, l’utilisation du corps de la femme comme arme de guerre est monnaie courante, tout comme les pratiques d’avortements clandestines et dangereuses. Nous vivons un véritable féminicide ».
La sénatrice demande à l’Europe et à la communauté internationale d’intervenir et d’aider à faire « avancer le processus d’échange humanitaire pour avancer vers la paix ». Elle a affirmé que « l’Europe était en grande partie responsable de la tragédie colombienne ».
« Nous pensons qu’il est très important que les gens sachent ce qu’il se passe dans le pays. Il est important qu’ils sachent comment les personnes ayant des intérêts dans les multinationales européennes implantées en Colombie jouent en faveur de la guerre et jouent en faveur de la violation des droits de l’homme. »
Créer et étendre des réseaux
Pour Piedad Córdoba, les femmes peuvent fournir un apport essentiel dans la construction de la paix et cela confère aux réseaux d’organisations féministes un rôle important dans cette lutte.
Dans cette optique, elle a remercié Voces Mediterráneas de lui avoir permis de participer au forum en tant que panéliste au cours de la première journée. Pour donner plus de pouvoir aux voix des femmes et aux voix de toutes les personnes qui se battent pour trouver une issue non violente au conflit et qui veulent instaurer la paix, il faut des alliés : les médias.
Piedad Córdoba a insisté sur le fait que « les médias ont un rôle fondamental ; ils informent les gens de ce qu’il se passe, et ils diffusent également les solutions alternatives que nous proposons. Les médias ont une grande responsabilité dans ce combat ».
Traduction : Patricia Pépin / patricia.c.pepin@gmail.com