Deux des huit communautés de l’ALBA fonctionnent déjà dans la localité de Leoganne. Sans doute une des caractéristiques qui les distinguent est l’esprit de coopération parmi les habitants, dont les leaders organisent de manière équitable la distribution des approvisionnements si attendus.

Chaque matin, les habitants se réunissent dans une sorte de conseil communautaire et s’accordent sur des décisions concernant la communauté en général, et en particulier l’acheminement des denrées alimentaires. Sur ces deux communautés, Prensa Latina a assisté ce mardi à l’arrivée des stocks de lait, riz, sucre, haricots, huile, poisson et pâtes, entre autres. La distribution s’y fait par famille, contrairement à l’anarchie règnant dans plusieurs points de Port-au-Prince.

Dès son origine, l’aide alimentaire est imprégnée de l’esprit de coopération : le lait provenant du Venezuela, les haricots de l’entreprise ALBA du Nicaragua, le tout coordonné par la « Force de Tâche Haïti », mandatée par le président vénézuélien, Hugo Chavez pour établir les campements.

Bien qu’après le séisme, des centaines de familles déplacées à ces endroits vivent dans des conditions précaires, ces campements respirent une sorte d’harmonie. Contrairement à un Port-au-Prince survolté, ici la voracité sans pitié n’a pas cours.

Des enfants rescapés qui jouent aux cerf-volants ou font du vélo, leurs mères souriant faisant leur lessive ou la cuisine, des hommes travaillant dans les champs voisins, les regards tournés vers l’avenir. Voici quelques scènes que l’on peut observer dans ces communautés.

Dans les campements Simon Bolivar et Alexandre Petion, il semble à tous que, dans l’avenir, les enfants continueront d’aller à l’école, que les analphabètes apprendront à lire et à écrire et que les citoyens auront la possibilité de se détendre ; des perspectives futures très utiles pour la santé mentale d’une population traumatisée.

Dans le premier campement de réfugiés, un recensement de la population a été effectué par sexe, âge, niveau de scolarité et nécessité de soins médicaux ; ce recensement faisant ressortir une prédominance d’infections respiratoires aiguës et les affections de la peau.

Les soins médicaux sont pris en charge par un poste de médecins vénézuéliens et un hôpital de campagne cubain, situé à quelques kilomètres.

La rumeur circulant que dans les environs de Leoganne resurgi l’espoir, des habitants venus d’ailleurs se rapprochent de ces communautés conçues pour accueillir deux milles personnes respectivement.

Parmi ces citoyens, un enseignant de Port-au-Prince, Joseph Pierre, qui avait entendu, dans son quartier dévasté, que le Venezuela et Cuba apportaient aussi de l’aide aux victimes dans cette localité, voulait lui aussi faire son apport.
Il venait de Tétard, la zone haute de la capitale. « Là-bas, dit-il, les gens vont mourir de faim parce qu’aucune aide arrive ». Dans d’autres secteurs comme Bellevue, Madotan, Nan Ginam et Nan Nwél, la tragédie paraît ne pas finir car il n’y a ni eau ni nourriture.

Le journaliste Joseph Widdy, de Radio Gnessier Inter, à Leoganne a aussi visité la communauté. Cette Radio a cessé d’émettre depuis le séisme, parce que ses équipements ont été enterrés lorsque le bâtiment de la station s’est effondré. Widdy a commenté à Prensa Latina l’isolement dans lequel une grande partie de la population haïtienne vit après le séisme. Non seulement parce que beaucoup de médias (presse écrite, radio et télévision) ont été détruits, mais aussi parce que beaucoup de citoyens ont perdu leurs équipements audiovisuels.

* »Il faut maintenant communiquer d’individu à individu. L’information initiale souffre de transformations et ce qui finit par arriver au public peut être très différent de l’information originelle »*, a précisé le journaliste.

Comme nous le rapporte Widdy, cela est un des facteurs favorisant la psychose qui règne à Port-au-Prince avec la distribution des aides alimentaires. Parfois l’aide est destinée à des endroits spécifiques vers lesquels tout le monde finit par converger.

* »C’est une catastrophe de plus »* a exprimé le journaliste, considérant que cette situation échappe au gouvernement haïtien qui a perdu la maîtrise de la gestion des ressources qui, en soi, sont déjà limités.

*Par Enrique Torres, envoyé especial.
* Traduction, RA/CM