Agustina Zelada, présentatrice et Ramón Oviedo, producteur, ont accepté de parler à Pressenza.
En quoi consiste Encuentro de Voces ?
Agustina : C’est une émission de radio de la Juventud del Encuentro. Il s’adresse aux jeunes qui militent et qui se lèvent tôt tous les samedis (rires). Nous travaillons tous à la production et quelques jeunes se chargent du côté artistique et le font très bien. Notre objectif est de servir de pont pour parler des problèmes du quartier. À Ciudad Oculta, on trouve plusieurs associations sociales, on fait des festivals dans les rues et nous (la Juventud del Encuentro), en plus de l’émission, nous donnons des cours de soutien scolaire, des ateliers, etc. Beaucoup de jeunes aiment ça et veulent participer à l’émission de radio, alors nous organisons des ateliers pour leur expliquer la pratique technique, la production, pour que tout le monde puisse participer s’il en a envie.
Ramón : Nous souhaitons, à travers ce moyen de communication, participer à la vie du quartier. En tant que militants, nous voulons être au courant des problèmes du quartier, les faire connaître et trouver des solutions.
Pourquoi avoir choisi la Radio La Milagrosa pour faire votre émission ?
Ramón : Tout d’abord, parce que c’est une radio qui accepte la diversité. Elle consacre beaucoup de temps à la réflexion. Et puis, il s’agit d’une radio communautaire, ce qu’avant on appelait des « radios truchas » ou radios clandestines, qui ont désormais un autre statut grâce à la nouvelle loi sur les médias audiovisuels.
Agustina : Le fait d’être à Ciudad Oculta nous permet de diffuser tout ce qui se passe dans le quartier, et surtout, de nous attaquer aux préjugés dont souffrent les gens d’ici. Parce que c’est un des quartiers les plus oubliés de Buenos Aires, mais lorsque les élections approchent, tous les candidats viennent y faire un tour. Nous voulons aussi donner à nos voisins des informations qu’ils ne peuvent pas apprendre par les autres médias. Par exemple, un des thèmes que nous avons abordés aujourd’hui est celui de la campagne « Aquí vivo, aquí voto » (je vis ici, je vote ici), une mesure pour le recensement des immigrants qui vivent à Buenos Aires.
Ramon : Les autres médias n’expliquent pas ce genre de choses. Les médias importants stigmatisent les immigrants, comme ce fut le cas lors des conflits de l’année dernière. On entend que dans les quartiers modestes les gens passent leur vie à fumer du paco (drogue bon marché), et ce n’est pas le cas. Nous, on voit la réalité.
Agustina : Nous on commence l’émission à 9h00 et on voit les gens qui se préparent pour aller au travail.
-Que pensez-vous du terme « journalisme militant » dont on a tant parlé ces derniers jours ?
Ramón : Je n’aime pas mettre une étiquette sur ce que nous faisons. Je n’utiliserais pas ce mot. Nous ne sommes pas non plus indépendants, si on disait ça on mentirait. Mais comme le stipule la Loi sur les médias audiovisuels, tout le monde doit spécifier ses intérêts.
Agustina : Nous, nous sommes la Juventud del Encuentro et c’est autour de cette idée que s’articule notre émission et que nous concrétisons l’idée politique du parti qui, presque tout le temps, quand il parle d’une idée politique, le fait de manière abstraite.
-Qu’est-ce que vous attendez de la Loi sur les médias audiovisuels ?
Ramón : D’un côté, c’est bien que 33 % de l’espace soit utilisé pour des organisations politiques et sociales. De l’autre, il est important que, une fois en vigueur, l’État régule correctement cet espace. Cette loi est née après plusieurs années de débat, alors je ne crois pas que le gouvernement gâche toutes ces années de travail.
Agustina: Le micro vous donne une responsabilité. On ne peut pas dire n’importe quoi. Ce que l’on dit dans les médias influence beaucoup. C’est pourquoi il est important que, comme le disait Ramón tout à l’heure, chaque média spécifie ses intérêts.
-Quel invité vous a le plus marqué ?
Ramón: Je pense qu’Agustina sera d’accord avec moi si je dis que cette personne est Hugo Cañón. Il est venu participer à notre quatrième émission, c’était au moment de la semaine de la mémoire, et il est venu raconter son expérience en tant que procureur pour les Juicios por la Verdad (jugements de la vérité). Son récit sur tout ce qu’il a vécu au cours de ce moment, hormis son travail de procureur, nous a beaucoup marqué.
Agustina : Oui, je ne sais pas si cela nous nous sommes sentis concernés parce que c’était autour du 24 mars, mais son récit nous a touché.
-Quel impact a cette émission sur votre vie quotidienne à Ciudad Oculta ?
Ramón : En ce qui me concerne, je suis de la province, et j’appartiens à une classe sociale plutôt moyenne/basse, et dernièrement, j’ai vu des opportunités s’offrir à moi. Je constate que dans mon travail, par exemple, je parle à des collègues venus d’ailleurs. Cela m’a ouvert l’esprit de travailler dans le quartier.
Agustina: Moi j’avais déjà travaillé dans d’autres organisations, dans d’autres quartiers, mais ce que je constate ici, c’est que ses habitants s’identifient avec le quartier, ils sont fiers de vivre à Ciudad Oculta. De plus, l’idée est de les faire participer, et non de les laisser en marge. Et nous, comme on le disait précédemment, nous servons de pont pour parler des problèmes du quartier et les résoudre.
Encuentro de Voces est diffusé tous les samedis de 9h00 à 10h30 sur FM La Milagrosa (100.9) ou sur Internet au www.radiolamilagrosa.com.ar